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Un Sommet Celte à Lorient/An Oriant les 09 et 10 Mars 2023

de Thierry JIGOUREL
Publié le Dernière mise à jour le

Sommet celte : une première édition forte et symbolique

Le rêve interceltique est inscrit profondément dans la mémoire des Bretons des deux côtés de la Mor Breizh (« Mer de Bretagne » en langue française ou Channel en anglais) et dans une moindre mesure, des Gaëls. Longtemps incarné par des personnalités telles que Théodore Hersart de la Villemarqué, l’auteur du Barzaz Breiz, il a trouvé diverses expressions depuis le XIXe siècle. Dont la plus évidente est sans doute le Festival Interceltique de Lorient. Justement, c’est cette ville, épicentre d’ un celtisme ouvert sur le monde et fier de ses racines, que Loïg Chesnais-Girard, le président de la Région Bretagne administrative, a choisi pour un premier Sommet Celte à dimension politique, les 09 et 10 Mars prochains.

Le projet était dans les tuyaux depuis un moment.

Notre confrère Ouest-France l’annonçait déjà dans un article publié début 2020, soit … juste avant ce que les gens appellent «la crise du covid», reprenant l’expression susurrée par un pouvoir politique aux ordres du grand capital et de Big Pharma, et qui fut en fait un formidable coup de laboratoire pour expérimenter des lois liberticides.
Mais enfin, voici que ce Sommet Celte, tel que le baptise M. Loïg Chesnais-Girard, le président de la région B4, dite « Région Bretagne », va se dérouler, à Lorient / An Oriant, les 9 et 10 Mars prochains.

C’est un événement !

Un événement aussi important, sans doute, que, justement, la création, voici un tout petit plus d’un demi-siècle, dans la même ville, un port, blanc, symbole de sacré, un port, symbole d’ouverture, devenu au fil des ans l’épicentre d’un celtisme décomplexé et ouvert sur le monde. Le choix du lieu est emblématique. Et ne doit sans doute rien au hasard.

Un signal très positif.

C’est un signe fort et un bon signe. A plus d’un titre. Un signe qui prouve que M. Chesnais-Girard, à qui certains reprochent sa retenue voire un défaut de convictions profondes, ne se laisse pas impressionner par des sirènes qui ressemblent aux cris de rage et de désespoir d’une bête traquée. Il n’a pas donné d’écho à la campagne étatique menée tambours battants par une armée de serviteurs obséquieux et prébendés, au printemps et en été 2022, avec l’argent du contribuable, pour soutenir une exposition visant à dire que la Bretagne n’a jamais été celtique.

Selon ces doctes plumitifs flattés-et grassement nourris- par Paris, on n’aurait jamais vu l’ombre d’un Celte en Europe occidentale.

Le breton serait une langue au minimum néolatine, voire finno-ougrienne , apparentée peut-être au bouriate ou au kirghize, mais surtout pas au gallois et encore moins au cornique ! Les méchants nationalistes bretons, dans leur haine injuste, surréaliste mais viscérale du Pays des Lumières, auraient écrit un roman national truffé de falsifications et de manipulations. Monsieur Chesnais-Girard, et c’est rassurant, ne se laisse pas impressionner par ces tartuffes dignes du père Ubu, toujours prêts à dénoncer chez nous une « réécriture nationaliste » de l’Histoire mais qui, curieusement, n’ont pas une virgule à changer aux catéchismes étatolâtres et xénophobes des Pères de leur Église, de Victor Hugo, à Michelet, en passant par les frères Thierry.

nos ancêtres les gaulois

Jules Michelet parlait très bien de la Bretagne : « La Bretagne est une colonie …« 

De vieux liens culturels et solidaires

Dans l’article d’Ouest-France publié voici trois ans, il était question de liens culturels et économiques. Il est vrai que pour des peuples qui, comme les Gallois et les Bretons, ou plutôt comme les Bretons insulaires et les Bretons péninsulaires, partagent les mêmes symboles- le dragon rouge notamment- les mêmes mythes, en particulier le mythe arthurien, les mêmes saints, le même hymne national et presque la même langue, ces liens sont anciens, forts et évidents.

On pourrait y ajouter la multiplicité de l’entraide inter celtique, rappeler que le président de Valera refusa de donner une suite favorable aux réclamations tonitruantes de la France concernant l’extradition des patriotes bretons réfugiés en République d’Irlande avec le soutien de la filière nationaliste galloise. Et saluer les efforts déployés par Polig Monjarret dès 1972  pour permettre, grâce au S.P.I ( Secours Populaire Interceltique) à des milliers d’enfants pauvres de Belfast / Béal Feirste ou de Derry/Doire, de passer des vacances en Bretagne loin des troubles qui déchiraient les six comtés occupés d’Ulster.

Un seul pays celtique n’a toujours aucun droit politique

Mais là, on touche au politique.
Jean-Pierre Pichard qui dirigea pendant quatre décennies le grand paquebot interceltique, le commodore d’une armada qui marqua durablement les esprits, pour culturel qu’il fût, ne cessait de rappeler que parmi les nations celtiques présentes à Lorient/An Oriant au mois d’août, une, une seule, ne dispose toujours d’aucun statut, ni d’indépendance, ni d’autonomie.

Alors que l’Irlande est indépendante depuis 1949, que Galice et Asturies ont conquis un statut d’autonomie après la mort de Franco- comme quoi, n’en déplaise à Benjamin Morel, le fascisme est le corollaire de la centralisation et non, bien évidemment du fédéralisme- qu’Ecosse et Pays de Galles ont obtenu la dévolution en 1997, que l’île de Man est quasiment indépendante, la Bretagne reste un nain politique.

Il est à souhaiter que M. Chesnais-Girard rappelle cette situation anormale et injuste et qu’il renouvelle à cette occasion le vœu pour l’autonomie de la Bretagne porté par le Conseil Régional et voté à l’unanimité moins les voix d’un R.N salué avec admiration à l’époque par tous ceux qui, de droite comme de gauche, en France, hurlent au fascisme dès qu’il est question de décentralisation…

Ce sera l’occasion ou jamais puisqu’il compte inviter des personnalités aussi prestigieuses que M. Michael D. Higgins, le Président de la République d’Irlande, Mme Nicola Sturgeon, la première ministre d’Ecosse et M. Mark Drakeford, le premier ministre gallois, au grand dam, n’en doutons pas, du chœur des pleureuses jacobines qui s’offusqueront qu’un « petit président de région » française discute d’égal à égal avec les représentants de pays indépendants ou autonomes.
Souhaitons que M. Chesnais-Girard rappelle aussi que si le budget du pays de Galles s’élève à 19 milliards d’euros et celui de la Galice à 9, 5 milliards, pour ne citer qu’eux, celui de B4 plafonne misérablement à 1, 5 milliards.

sommet celte

Comment continuer à supporter une telle indigence du budget alloué au brezhoneg face à celui du gallois, langue soeur ?

Le vieux rêve d’une Confédération celtique

Il serait bon enfin que M. Chesnais-Girard rende hommage à des organisations comme le Congrès Celtique International ou la Ligue Celtique qui œuvrent depuis des décennies au rapprochement entre nos peuples gaéliques et brittoniques. Et qu’il évoque le rêve, toujours valable, toujours présent, plus que jamais nécessaire, d’une Confédération Celtique au sein d’une Europe que l’on souhaiterait à la fois plus démocratique et moins aux ordres d’Oncle Sam et d’Oncle Joe.
Souhaitons, en tout cas bon vent à ce Sommet Celte porteur d’espoir et qu’il ouvre, un peu plus les portes du large.
Et celles de la Liberté.

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1 commentaire

Pcosquer 14 février 2023 - 23h34

Il serait intéressant qu’une suite concrète soit donnée à l’appel de Karaez d’ici le début du sommet dit « sommet Celte »
Une suite dans laquelle serait évoquée par exemple une réflexion pratique sur le statut de l’Assemblée de la Bretagne historique.
Une réflexion menée avec les bretons qui le souhaitent… Bref passer du discours au concret afin de faire comprendre aux élus que les choses peuvent se faire sans eux…
Cela aurait le mérite:
– d’une part d’intéresser les Bretons à leur avenir dans la mesure ou il peut y avoir un relais de ce projet par la presse. Ce genre de projet me semble important pour démarquer véritablement la Bretagne de la crise qui règne en France et pour donner du sens au plus grand nombre en construisant un autre avenir à la Bretagne.
– d’autre part, de faire comprendre que la Bretagne peut aussi se trouver d’autres élus dans un proche avenir…porteur de cette assemblée de la Bretagne historique, pourquoi pas.
– mais aussi de démontrer aux représentants Gallois, Ecossais et Irlandais que le peuple breton, lui , et une réalité qui veut décider.
Je pose la question de savoir si la Bretagne serait invitée à un tel sommet si il était organisé en Ecosse par exemple? Rien n’est moins sûr pour la simple raison que nous n’avons pas de réalité politique.
C’est évidemment court pour organiser cela mais il faut bien démarrer: travailler à dégrossir ce que pourrait être un tel statut me semble possible. Quelque chose comme une introduction à un travail ultérieur plus approfondi…Ici, c’est d’abord le message de volonté qu’il faut envoyer.
Les discours de Karaez me semblent bien loin maintenant.

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