6 septembre à carhaix

Langue Bretonne :  6 septembre à Carhaix / Karaez

de Yvon OLLIVIER

Langue Bretonne :  notre avenir se décide le 6 septembre à Carhaix / Karaez

Le 6 septembre à Carhaix aura lieu un concert en langue bretonne et une conférence sur l’avenir de notre langue initiés par des artistes.

Oui nous pouvons agir !

Suite aux déconvenues récentes, sans véritable réaction du monde politique ou culturel, un groupe d’artistes a eu le grand mérite de relever la tête et de s’interroger sur notre avenir. Lorsque notre monde s’écroule – diffusion, édition, centre culturel, associations, etc … le premier réflexe doit être de se poser les bonnes questions.

L’Emsav existe-t-il toujours ?

L’Emsav est-il encore capable de s’exprimer lorsque le mouvement s’arrête ou s’effondre ?
Est-il encore capable d’exprimer une volonté qui soit différente de celle des instances régionales ?  
Sommes devenus si divisés entre chapelles que la moindre réaction unitaire devient illusoire ?
Le dialogue est la première des urgences.

Où est l’origine de nos maux ?
Un système France centralisé en crise qui recentre à Paris toutes les ressources ou notre incapacité à réagir et à aller de l’avant ?

Il y a plusieurs décennies, des militants ont pris des initiatives fortes.
De quoi sommes-nous capables aujourd’hui ?

La région Bretagne administrative nous dit qu’elle ne peut rien faire de plus, faute d’argent et que nous devons prendre notre mal en patience.
Qui a dit que l’inaction était salutaire ?

Nous sommes tous concernés pour sauver la langue bretonne.
Pour cela, deux chiffres importent vraiment : le taux de progression du nombre d’élèves scolarisés en filière bilingue, et le nombre de bacheliers dans ces filières.

Le taux de progression a baissé régulièrement depuis plusieurs années pour atteindre 1%, ce qui signifie qu’il n’y a plus de dynamique. Dit autrement, on ouvre et on ferme presqu’autant de filières. Le nombre de bacheliers dans ces filières demeure dérisoire, preuve du manque de continuité éducative. Si rien ne change, la langue bretonne va mourir car il n’y a pas de sursaut en vue avec un taux d’élèves scolarisé qui reste dérisoire entre 4 ou 5% lorsque les Basques ont dépassé les 50%.

Loïg Chesnais-Girard complice du déclin du breton
Loïg Chesnais-Girard complice du déclin du breton

La région Bretagne administrative ne met aucune pression politique sur l’État pour lancer ce grand plan de formation des enseignants en place en langue bretonne, à l’image de ce qui a été fait en Corse. Il y a des années que nous aurions dû le faire. A l’échelle de ce que l’État a fait en Corse  (700 enseignants en quatre ans) , nous pourrions former des milliers d’enseignants.
Cette demande figure en bonne place dans le plan Marshall pour les langues de Bretagne, qui selon les accords électoraux Chesnais-Girard / Cueff devait se situer au cœur des politiques linguistiques.

La question est éminemment politique.

Nos responsables politiques veulent-ils que les chosent changent où se satisfont-ils de la mort annoncée de nos langues ?

Si nous voulons changer la donne, il faut bouger. Oui la situation est urgente et oui, nous pouvons mettre la pression sur nos élus à la région, pour qu’à leur tour, ils la mettent sur l’Etat.

Il y a quelques années, un élu bien connu, Jean-Yves Cozan m’avait dit ceci à Ouessant :/ Enez Eusa « Un homme politique, c’est un baromètre ! »  Si les Bretons ne sortent pas de leur torpeur et du « on ne peut rien faire » qui contente aujourd’hui à peu près tout le monde à la région comme du côté de l’Etat, nous perdrions notre langue et le sens de nous-mêmes.

Et l’État français verra avec succès la réussite de son objectif de toujours : la disparition de la langue bretonne avec en outre la satisfaction de relever que ce sont les Bretons eux-mêmes, qui, sous couvert de « décentralisation », auront achevé leur langue moribonde.

Pour faire bouger les élus, il faut bouger, lancer une dynamique !

On parlerait encore de la toponymie en langue Bretonne. Au mois d’octobre dernier, Koun Breizh et Kevre Breizh avaient adressé une demande à la région Bretagne administrative : solliciter officiellement l’État pour que notre toponymie fasse l’objet d’une demande d’inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco, afin de mettre un terme à ce grignotage incessant. Nous attendons toujours une concrétisation !

élections en Bretagne
élections en Bretagne

Une dernière chose qui me tient à cœur.
Arrêtons de parler de « langue régionale ». Les mots ont un sens. Une langue « régionale » est une langue secondaire, inférieure.
Elle n’a aucun avenir sinon folklorique.
Je ne connais rien de plus stupide que de prétendre sauvegarder une « langue régionale », puisque déjà, il est acquis qu’elle est secondaire.  La langue bretonne est la langue de notre peuple et c’est pour cette raison que nous devons la sauver. Il faut mettre un terme à cette « régionalisation des esprits » qui nous condamne à une mort certaine et compromet la réunification de notre territoire historique.

Pour ma part, je serai présent le 6 septembre dans l’espoir que les choses changent vraiment et que les Bretons soient capables d’une réaction forte et collective.

La politique linguistique est une politique comme une autre. Il est facile de savoir si elle fonctionne ou pas selon l’objectif qui lui est assigné.

Si l’objectif de la politique linguistique actuelle menée conjointement par l’État et la région administrative est de faire illusion, alors oui, c’est une belle réussite. Si l’objectif de cette politique-là est de sauver la langue bretonne et de l’enseigner à tous nos enfants, alors force est de constater que l’échec est patent.
Alors arrêtons de nous bercer d’illusion. La langue bretonne, il ne tient qu’à nous de la sauver !

Le 6 septembre, soyons tous à Carhaix / Karaez pour faire de cette journée une réussite et suivre les artistes qui nous ont montré la voie pour sortir enfin de la torpeur.

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3 commentaires

kristian Hamon 27 août 2025 - 21h37

Vous nous aviez habitué à mieux. C’est quoi ce mépris M. Ollivier ? Vous écrivez « Arrêtons de parler de « langue régionale ». Les mots ont un sens. Une langue « régionale » est une langue secondaire, inférieure. Elle n’a aucun avenir sinon folklorique. » Ainsi donc il en irait pour les langues comme pour les races autrefois, certaines supérieures et d’autres inférieures ? Qu’elles viennent des Aborigènes, du fin fond de l’Amazonie ou des réserves d’Indiens d’Amérique, même non écrites, toutes ces langues se valent et ont leur richesse. Nous avons la chance en Bretagne, en plus du français, d’avoir deux langues : le gallo, langue régionale, et le breton, langue nationale, dans le sens ou elle a une dimension politique que n’a pas la première, tout simplement. Comme je l’indiquais dans mon blog :
« Et le paradis terrestre est une métaphore pour l’espace collectif où se réalisent les désirs, entre autres, celui, tout bête, de vivre ensemble dans la langue désirée. »

https://kristianhamon.blogspot.com/2025/04/lappel-du-2-fevrier-1969-de-gaulle-et.html

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Émilie Le Berre 27 août 2025 - 21h56

Rien ne se passe parce qu’il s’agit d’abord d’un état d’esprit, élus comme citoyens consommateurs vivent dans l’émotionnel, le plaisir et le divertissement. Avez-vous remarqué lors des interviews des gens cet été ? La phrase qui revient à chaque fois « on en profite », pas de « je m’intéresse, je découvre, je fais un effort, j’apprends », non, « j’en profite » et après moi le déluge, et Yann Bragoù Braz tout fier de faire sautiller les parisiennes en short.
Côté médias : après 35 ans sans télévision, depuis quelques mois pour avoir emménagé dans un lieu où une télévision est présente, je remarque que je n’ai rien manqué. Les infos régionales sont un bel exemple de foutage de gueule, des reportages n’ayant rien à voir avec la Bretagne, par exemple une randonnée avec des ânes dans la Creuse. Bien pratique pour occuper l’antenne, comme si rien ne se passait en Bretagne ou plutôt ne pas avoir à traiter certains sujets qui pourraient heurter les « j’en profite » et les mettre devant leur bêtise.
A propos de la langue, comme déjà dit je travaille dans une entreprise dite globale, mondiale. Je suis basée en Bretagne. Savez-vous avec quels collègues j’échange le plus en breton ? Mes collègues de l’est de la France et ceux de Belgique, aucun n’est breton. Bien sûr ce n’est que quelques mots, pas de grandes phrases mais comparé à mes collègues « bretons » où là c’est le néant.
Voila, il règne en Bretagne un état d’esprit schtroumpf, on relève des défis qui ne font pas de vague, c’est rigolo, on en profite et si en plus ça permet de passer à la télé… les dîners de cons c’est toute l’année.

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nhu Bretagne nhu Brittany
NHU Bretagne 29 août 2025 - 17h47

Émilie, trugarez

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