Bretagne éclatante et équilibrée port de commerce de Brest

Fondations pour une Bretagne éclatante et équilibrée.

de Jean Jacques GOASDOUE

Quelles fondations pour une Bretagne éclatante et équilibrée ?

Scénario fiction stratégique pour un gouvernement breton indépendant au XIXe siècle.

Vers une Bretagne éclatante et équilibrée.
La Révolution française n’a pas seulement bouleversé l’ordre ancien. Elle a aussi effacé la Bretagne en tant que nation politique. En un trait de plume, notre pays a disparu des cartes. À sa place, cinq départements ont été placés sous la tutelle directe de Paris. Ce choix a brisé notre cohérence territoriale. Dès lors, aucune stratégie d’ensemble n’a pu voir le jour.

Ce vide a eu des conséquences dramatiques.
La Bretagne a sombré dans l’archaïsme, les ruines, les misères noires. Les interdits se sont abattus sur l’Histoire et sur la langue. Des générations entières ont été condamnées à l’émigration massive. Le peuple breton a subi naufrages économiques, sociaux et culturels.
L’identité bretonne elle-même a été menacée de disparition.

Pourtant, le début du XIXe siècle ouvrait une ère d’opportunités inédites. L’industrialisation, le chemin de fer et le commerce maritime intercontinental pouvaient offrir à la Bretagne une place majeure en Europe.
Avec un gouvernement breton, la trajectoire aurait été toute autre.

Le début du XIXe siècle : carrefour d’opportunités

Au tournant du siècle, l’Europe connaît des bouleversements immenses. L’essor industriel transforme les paysages. Les mines, les usines, les ateliers mécaniques ouvrent un nouveau monde. Le chemin de fer relie les villes et dynamise les économies régionales. Les grandes routes maritimes ouvrent déjà à la mondialisation.

Les nations qui savent saisir ces révolutions deviennent les grandes puissances. 

Le Royaume Uni bâtit son empire sur la maîtrise des mers.
Les États Unis développent leurs ports de la côte est et de San Francisco.
Les Pays Bas consolident leur puissance commerciale autour d’Amsterdam et de Rotterdam.

Et la Bretagne ?

Elle possède déjà tous les atouts
Une façade atlantique exceptionnelle. Des ports profonds, abrités, prêts à accueillir le trafic international. Une position géographique idéale, au carrefour des routes maritimes.
Un peuple de navigateurs reconnu dans le monde entier.

Dans une logique purement centralisatrice, l’État français a tourné le dos à la mer. Il a préféré concentrer routes et rails autour de la capitale. Les régions périphériques, pourtant riches de potentiel, sont restées à l’écart.

Un plan stratégique breton.

Imaginons un instant qu’un gouvernement breton ait pu tracer son propre chemin.
La Bretagne n’aurait pas été réduite à un simple appendice agricole ou militaire. Elle aurait bâti une stratégie cohérente, adaptée à sa géographie et à ses forces.

carte ferroviaire de la Bretagne
Bretagne éclatante et équilibrée – carte ferroviaire de la Bretagne

Le ferroviaire.

Un axe ferroviaire breton central

Cet axe central aurait constitué l’ossature du territoire. 
Rennes / Roazhon, Loudéac / Loudieg, Rostrenen / Rostrenn, Carhaix / Karaez, Châteaulin / Kastellin en points d’ancrage d’une colonne vertébrale ferroviaire, prolongée pour desservir l’Île de France, l’Est et l’Allemagne.

De là seraient partis des embranchements : le premier de Châteaulin / Kastellin vers Brest et Kemper; le deuxième de Loudéac / Loudieg vers Saint Brieuc / Sant Brieg et Vannes / Gwened; et le troisième de Rennes / Roazhon vers Dol d’une part et Lamball et Nantes / Naoned d’autre part. 
Cette organisation est bien pensée pour la Bretagne dans son ensemble et connectée aux grandes routes européennes.

Un axe ferroviaire breton sud

Axe reliant Kemper à Nantes / Noaned, aurait ouvert vers le Sud Ouest et l’Espagne, via Niort; et vers Dijon – Lyon, puis l’Italie via Angers et Tours. 
Ces deux axes ouvrant vers le sud européen.

Un axe ferroviaire breton nord,

Cet axe nord relie Brest à Lambal et Dol, se prolongeant pour desservir la Normandie, le nord de l’Hexagone, la Belgique et les Pays Bas. 

Ces trois grands axes auraient convergé vers les points nodaux du réseau ferroviaire hexagonal. 

À l’intérieur du territoire, trois liaisons transversales auraient assuré la pleine fluidité des échanges : Brest-Quimper, Saint-Brieuc-Vannes, et Dol-Lamballe-Rennes-Nantes.

Plusieurs compagnies ferroviaires bretonnes auraient pu voir le jour. Issues d’initiatives privées concurrentielles, elles se seraient appuyées sur ces réseaux pour dynamiser les transports et stimuler l’innovation.

Le transport maritime

Brest serait devenu le cœur d’un vaste complexe portuaire et industriel. Comparable à San Francisco et sa baie, la rade de Brest aurait joué un rôle clé dans le commerce intercontinental. Les flux venant d’Asie et d’Amérique y auraient trouvé une plateforme de redistribution vers l’Europe. Des industries navales, logistiques et manufacturières s’y seraient implantées, créant une dynamique économique sans équivalent.

Quatre autres grands ensembles portuaires auraient complété cette logique : Lorient, Saint-Nazaire, la baie de Saint-Brieuc et Saint-Malo. Chacun aurait développé ses spécificités selon son arrière-pays : construction navale, pêche hauturière, commerce international, liaisons transmanche. Cette diversification aurait garanti un équilibre territorial remarquable.

Une telle stratégie aurait fait de la Bretagne un acteur incontournable du transport maritime européen.

L’industrie bretonne.

Sur les sites portuaires et leurs arrières pays tout ce qui rentre dans la construction et l’équipement des navires, construit et fabriqué localement, constituant une complète industrie du maritime.

Dans le même esprit de constitution d’un secteur industriel complet toutes les activités du domaine textile se seraient développées autour de l’industrie traditionnelle de la toile.

Même ambition dans les industries de la céramique, du bois, sous toutes ses formes, de tous les domaines d’excellences artisanales bretonnes. 
Mêmes principes de développements industriels à partir des ressources extractives bretonnes auxquelles viendraient s’ajouter les ressources en matières premières importées par voies maritimes.

Enfin et peut-être surtout un ciblage prioritaire sur les constructions d’habitats de qualité en commençant par l’habitat rural et les infrastructures de transports et déplacement permettant de desservir chaque maison du pays.

Agriculture, pêche et conserveries.

Ce sont les activités fondamentales du pays.
Les amener à toute innovation possible dans leurs équipements, méthodes et productions.
Leur apporter tous les concours découlant des nouvelles infrastructures. 

Langues, enseignement et culture.

En Bretagne souveraine, le breton et le gallo langues officielles.
Le français seconde langue. 
L’anglais, l’allemand, l’espagnol et l’italien troisième langue. 
Primaire, secondaire, formation de techniciens supérieurs, écoles d’ingénieurs, universités.
Musées, centres de formations aux métiers d’art.

Une Bretagne pleinement innovante.

Avec ces choix, la Bretagne aurait pris une place majeure dans les révolutions industrielles et maritime et ferroviaire du XIXe siècle. 

Les villes et campagnes bretonnes n’auraient pas été condamnées à l’exode, mais transformées en pôles dynamiques. 
Avec Brest comme poumon industriel de la façade atlantique.

Comparons avec nos voisins :

  • Le Pays de Galles a développé Cardiff / Caerdydd et Swansea / Abertawe autour de l’industrie charbonnière et maritime.
  • L’Écosse a fait de Glasgow / Glaschu un centre industriel et commercial puissant.
  • La Flandre a transformé Anvers en l’un des plus grands ports du monde.

La Bretagne possédait des atouts supérieurs. Mais privée de souveraineté, elle a vu ces perspectives lui échapper.

langues celtiques
Bretagne éclatante et équilibrée – Le Pays de Galles / Cymru est autonome, la région Bretagne administrative est soumise à l’état central

Le centralisme français.

Paris a toujours vu la Bretagne comme une périphérie utile mais secondaire. Une réserve agricole, une zone militaire, un espace de garnison. Pas comme une nation capable de rayonner.

Les choix ferroviaires en témoignent. Les lignes ont été conçues pour relier Paris aux grandes villes de province. La Bretagne a reçu des rails qui mènent à la capitale, mais pas de réseau interne structurant. Résultat : une économie désarticulée, dépendante du centre.

Sur le plan maritime, la situation est encore plus criante. La France possède les plus belles façades maritimes d’Europe. Pourtant, elle reste un nain maritime. Rotterdam, Anvers, Hambourg, Barcelone ou même Gênes ont su se développer. Les ports français, eux, végètent, faute de stratégie nationale ambitieuse. Brest, Lorient, Saint-Nazaire n’ont jamais eu le soutien nécessaire.

le centralisme jacobin parisiano centré nous étouffe
le centralisme jacobin parisiano centré nous étouffe

Les conséquences.

Privée de sa liberté de choisir son propre destin, la Bretagne a accumulé les retards. L’industrialisation s’est faite ailleurs. Le chemin de fer n’a pas irrigué le pays. Les ports ont végété, condamnés à un rôle secondaire.

Les populations ont payé le prix fort. Faute de travail et d’avenir, 1 600 000 Bretons ont émigré entre 1800 et 2000 (source : Panorama de la Bretagne par Le Télégramme). Paris, Le Havre, New York, Montréal, São Paulo ont accueilli ces vagues d’exilés.

La langue bretonne, interdite dans les écoles, a décliné. L’Histoire bretonne, censurée, a disparu des manuels. L’identité a été attaquée de toutes parts. Ce qui aurait pu être un pays éclatant et équilibré a été réduit à un territoire appauvri, dépendant, mutilé.

Et si la Bretagne reprenait aujourd’hui son destin en main, vers une Bretagne éclatante et équilibrée ?

Ce passé n’est pas qu’un regret. C’est une leçon. La Bretagne a toujours eu la capacité d’être une grande nation maritime et industrielle. Elle peut encore le redevenir.

Au XXIe siècle, les opportunités existent (voir notre note proposant une feuille de route stratégique aujourd’hui)

  • Les énergies marines renouvelables offrent une perspective unique pour nos côtes.
  • Les ports bretons peuvent devenir des hubs logistiques modernes (voir le succès de Brittany Ferries).
  • Le ferroviaire régional, modernisé et repensé, peut recréer une ossature équilibrée (voir le succès des Transports Lahaye en transport combiné vers Lyon Marseille, Lille Le Havre)
  • Le numérique connecte la Bretagne au reste du monde, en effaçant les distances.

Ce qui manque ? La liberté de décider. 
Tant que Paris imposera sa logique centralisatrice, la Bretagne restera bridée. Mais avec un projet politique clair, avec une volonté collective, elle peut retrouver l’éclat qu’on lui a volé.

La Bretagne peut encore devenir éclatante et équilibrée.

L’identité bretonne résiste. 
Les énergies nouvelles émergent. Les rêves interdits hier deviennent les projets possibles d’aujourd’hui.
La Bretagne éclatante et équilibrée, chers amis, doit maintenant devenir celle que nous voulons bâtir.

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