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Interview exclusive de Yvon OLLIVIER.
Bonjour Yvon OLLIVIER,
Vous venez d’écrire Chroniques d’un Peuple Oublié aux Éditions Yoran Embanner et imprimé en Bretagne, chez Ouestélio Brest.
Pouvez-vous nous présenter votre dernier ouvrage ?
J’ai toujours été surpris par la capacité des Pouvoirs publics et de nos élus des formations politiques parisiennes à oublier le peuple breton. A faire comme si nous devions nous définir comme une simple région et non comme un peuple à part entière, comme n’importe quel autre peuple. C’est pour cela que j’ai intitulé ce livre, Chroniques d’un peuple oublié.
De la part de Paris, c’est normal, il n’y a rien à espérer. Mais de la part de nos élus bretons, avouons qu’il y a de quoi se poser des questions. La Bretagne n’est plus à leurs yeux qu’une région variable d’ajustement dont Paris leur concède la gestion en échange de bons et loyaux services.
Leur servilité est exemplaire.
Il suffit de voir les conventions spécifiques sur les langues. Notamment celle que souhaitait signer Mr Chesnais-Girard : du vide, un mouroir pour langues en perdition. Mais ils ne voient pas le problème. Car pour nos élus, c’est la Bretagne qui doit s’adapter à la France républicaine.
Donc disparaître peu à peu.
Alors que c’est à la France républicaine de s’adapter à la Bretagne, de la reconnaître et d’assurer le respect des droits humains. Donc les droits culturels, linguistiques sur son territoire. Dans cet ouvrage, je prolonge la réflexion amorcée dans le livre Lettre à ceux qui ont renoncé à la Bretagne, en reprenant bon nombre de chroniques écrites depuis plusieurs années.
Ces chroniques prouvent au moins que j’ai de la constance dans les idées.
Car je réclame un plan Marshall pour nos langues depuis des années déjà. Et je constate à présent que ces idées avancent parmi la population qui n’est plus dupe des mensonges de ceux qui, à la région Bretagne administrative, nous disent que tout va pour le mieux. Si nous n’obtenons pas au plus vite ce « plan Marshall », dans vingt ans nos langues seront mortes. C’est ce que j’appelle un crime contre l’humanité.
Nos élus ont une responsabilité historique !
Les élections régionales sont prévues en Juin prochain. Ce livre est-il un cri du coeur et de colère pour sensibiliser le peuple breton, celui qui ira voter ?
J’en appelle avant tout à la raison, car c’est la raison qui doit nous guider. Les Bretonnes et les Bretons n’ont aucun intérêt à ce que la Bretagne reste éternellement la variable d’ajustement au bénéfice de Paris et finisse par sortir de l’Histoire. Ce sont eux les principales victimes du système France. L’essence de la République n’est pas l’égalité comme on le proclame partout -sur ce terrain l’échec est total- mais le contrôle de la population par l’édiction de la norme toujours plus précise. L’égalité n’est pas la fin mais le moyen de parvenir à la lisibilité parfaite et au contrôle total de l’État central sur sa population. C’est pour cette raison que la norme est pléthorique en France.
Et c’est aussi pour cette raison que la technocratie faiseuse de normes est aussi écrasante et dominatrice.
Je conseille vivement sur ce point la lecture de l’ouvrage de l’universitaire américain Scott L’œil de l’État . Il nous faut tout repenser. Et je crois vraiment que l’avenir risque d’être extrêmement conflictuel pour la société française. Le cours naturel de l’évolution d’une société hostile à la diversité et qui glisse vers le contrôle social le plus achevé, c’est la prise du pouvoir par l’extrémisme. La question n’est plus de savoir si le rassemblement national arrivera au Pouvoir, mais quand il arrivera. Les Bretons feraient bien de réfléchir à ce que cela signifie pour eux : la disparition brutale de la Bretagne politique et de tout ce qu’elle représente.
Commandez ce livre directement aux Éditions Yoran Embanner.
Celles et ceux qui administrent quatre des cinq départements bretons depuis 2015 ne sont globalement que les supplétifs d’un pouvoir trop central pour lequel la Bretagne n’est le plus souvent qu’un garde-manger, une zone de loisirs et une variable d’ajustement. Quel type de femmes et d’hommes espérez-vous à la tête du prochain Conseil Régional?
En fait, je pense qu’il faut en finir avec la domination des formations politiques parisiennes. Au sein du système centralisateur français, les partis ne sont que le miroir du centralisme et le meilleur outil de notre aliénation politique et culturelle. Nos grands élus ne sont que de loyaux serviteurs de ces formations politiques parisiennes et de leur logique de Pouvoir. Les plus ambitieux y trouvent une place de choix pour apporter leur caution démocratique à la domination politique et culturelle que subit le peuple breton. Regardons lucidement comment ça fonctionne.
La désunion maladive des Bretons fait qu’ils ne sont pas en mesure de s’unir au sein d’un mouvement alternatif. La plateforme Oui la Bretagne vient de voler en éclats. Car les Bretons raisonnent toujours en termes d’idéologie avant de songer à s’unir pour obtenir enfin l’autonomie. Ce type de réflexe est totalement dépassé dans le monde d’aujourd’hui. Ceux qui sont au pouvoir se moquent bien de l’idéologie. Ils sont capables de s’unir s’il le faut. Actuellement, la région Bretagne administrative est gouvernée par une alliance de socialistes et de macronistes. Demain, les Verts comptent bien venir les rejoindre. C’est ce que j’appelle un système.
Vous vous investissez au côté de Daniel CUEFF menant la liste Bretagne Ma Vie, et vous publiez ce livre.
S’agit-il d’une même démarche plus globale : dire les choses encore et partout, pour alarmer sur les dérives de la Bretagne actuelle en lui espérant un avenir meilleur, donc une nouvelle voie à inventer … vite ?
J’ai rejoint Daniel CUEFF par fidélité à mes engagements. Car j’ai toujours été persuadé qu’il nous fallait une autre gouvernance pour la Bretagne. Car notre pays est riche de tous les possibles et que les Bretonnes et les Bretons de toute obédience devaient être capables de s’unir autour d’un projet ambitieux, en dépassant leurs querelles idéologiques. Eh bien c’est ce qu’est en train de réaliser Daniel CUEFF.
Daniel a une solide connaissance pratique de la politique publique, en tant qu’élu. Alors que moi , qui n’ai jamais été élu, n’ai qu’une vision théorique des choses. Je dois dire que nos deux approches se retrouvent totalement dans la nouvelle gouvernance qu’il propose aux Bretons. Enfin, les Bretonnes et les Bretons disposeront d’un véritable choix politique, entre les forces du système parisien – alliance PS/Macron/Verts- et le projet proposé par les personnes qui se lèvent aujourd’hui dans l’esprit du CELIB.
C’est la grande nouveauté de ces élections régionales.
Et à voir toutes les personnes qui ne cessent de nous rejoindre, je crois que c’est très bien parti. Les gens se rendent compte que pour réunifier la Bretagne, sauver nos langues, relancer notre économie , retrouver notre maritimité sacrifiée, il ne faudra compter que sur leurs propres forces et non sur ceux qui ne cessent de les trahir par clientélisme ou carriérisme. Le vote en faveur de la liste Bretagne ma Vie est le seul qui nous permettent d’espérer quelque chose de la politique et de lutter contre ce poison Lepéniste.
Yvon OLLIVIER, nous vous remercions de nous avoir reçu pour cette courte interview exclusive.
Nous vous souhaitons une bonne campagne et espérons que Chroniques d’un peuple oublié saura éveiller, réveiller et convaincre.