tout est territoire

Tout est “territoire”: la novlangue des Loyalistes qui efface la Bretagne

de Rémy PENNEG


Tout est « territoire » : un mot pour tout dire, et ne plus rien dire

Depuis quelques années, l’Hexagone est devenu le royaume du territoire.
Tout est “territoire” : le territoire scolaire, le territoire économique, le territoire d’innovation, le territoire culturel…

Le mot a envahi les discours politiques, les médias et les documents officiels.
Mais ce n’est pas un hasard.
C’est une arme de la novlangue centralisatrice, inventée pour neutraliser les mots qui ont du sens. Ces mots qui rappellent qu’ici, il y a des pays, des peuples, des régions, des histoires, des identités.

Le “territoire”, invention pour effacer les nations intérieures

Le mot territoire n’est pas neutre.
Il est le cheval de Troie du jacobinisme moderne.
Là où il y avait jadis des nations comme la Bretagne, des provinces, des pays, des communautés vivantes, on a mis un mot vide.

Pourquoi ? Parce qu’un territoire, ça ne parle pas.
Ça ne pense pas.
Et surtout, ça ne revendique rien.

Le pouvoir central adore ce terme car il désincarne.
Il transforme le politique en gestion, et le peuple en “acteurs locaux” … du territoire.
Il gomme la conscience collective.
Et quand les mots disparaissent, les libertés suivent.

Dissoudre la Bretagne, réunification de la Bretagne, Bretagne Réunie
Dissoudre la Bretagne, réunification de la Bretagne, Bretagne Réunie

Les “Loyalistes du territoire”

Ce mot n’aurait jamais triomphé sans ses fidèles serviteurs : les Loyalistes.
Ces élus, technocrates et communicants qui répètent sans réfléchir les éléments de langage venus de Paris.

Ils disent “territoire” comme d’autres disaient autrefois “Empire”.
Avec zèle, avec docilité, avec une fierté servile.
Ils ne disent plus “Bretagne”, mais “territoire breton”.
Plus “Nantes”, mais “territoire ligérien”.
Plus “commune”, mais “territoire de proximité”.

Leur langue n’est plus celle des habitants.
C’est celle de la préfecture.
Ils croient parler moderne. Alors qu’en réalité, ils parlent comme des fonctionnaires de la pensée.

Une soumission linguistique totale

Le mot “territoire” est devenu le signe d’appartenance au camp des obéissants.
Chaque fois qu’un élu l’emploie, il montre qu’il a intégré la logique du pouvoir central : celle où la Bretagne n’existe plus, remplacée par une “région” anonyme à géométrie variable.

Les Loyalistes ne le font pas toujours par malveillance.
Certains ne se rendent même plus compte du lavage de cerveau linguistique qu’ils subissent.
Mais le résultat est le même : ils propagent une langue de domination, qui affaiblit tout ce qu’elle touche.

Quand dire Bretagne devient subversif

Aujourd’hui, dire “Bretagne” dans un discours officiel, c’est presque un acte de résistance.
Le mot « celtique » l’est également.
Le mot dérange parce qu’il porte un poids symbolique : une Histoire, une langue, un peuple.

Alors les Loyalistes l’évitent.
Ils préfèrent “territoire” : plus lisse, plus creux, plus sûr.
Avec “territoire”, on ne prend pas de risque politique.
On parle, mais on ne dit rien.
On existe, mais sans exister vraiment.

Le “territoire”, c’est la langue de ceux qui ne veulent pas de conflit, de ceux qui veulent plaire au pouvoir central, de ceux qui ont troqué la fierté contre la subvention.

Le mensonge de la neutralité

Les communicants adorent dire que “territoire” est neutre.
C’est faux. Ce mot est tout sauf neutre.
C’est au contraire un mot profondément politique, car il remplace volontairement les mots qui nomment la réalité.

Remplacer “pays” par “territoire”, c’est retirer la dimension humaine.
Et remplacer “région” par “territoire”, c’est effacer la dimension historique.
Remplacer “Bretagne” par “territoire”, c’est nier la dimension identitaire.

Ce n’est pas une évolution du langage,
c’est une stratégie de dépersonnalisation. De débretonnisation.

Un discours qui infantilise

Écoutez les discours de ces élus “modernes” :

Notre territoire doit renforcer son attractivité.
Les acteurs du territoire s’engagent pour la transition.”
Ce territoire a des spécificités fortes.”

Mais quel territoire ?
De quoi parle-t-on ?
Personne ne sait.

Ce flou n’est pas accidentel : c’est une technique de contrôle.
Quand tout le monde parle pareil, plus personne ne pense.
Et plus personne ne s’indigne.

nos ancêtres les gaulois
nos ancêtres les gaulois

Le territoire, antidote à la fierté

Ce mot ne désigne pas un espace, il prescrit une attitude.
Le territoire, c’est ce que tu dois être : obéissant, docile, bien géré.
Pas question de revendiquer, encore moins d’exister politiquement.

Un “territoire” ne réclame pas d’autonomie.
Et un “territoire” ne demande pas le retour de Nantes.
Un “territoire” attend des aides, des appels à projets, des plans d’État.

Bref, un territoire se tait.
C’est l’exact contraire d’un peuple.

La langue du pouvoir : simple, efficace, toxique

Le pouvoir central a compris depuis longtemps que les mots façonnent le réel.
Changer les mots, c’est changer la manière de penser.

Ainsi, la “France des territoires” a remplacé la “France des provinces”.
Et la “cohésion des territoires” a remplacé la diversité des peuples.

Tout devient “cohérent”, “équilibré”, “attractif”.
Tout devient technocratiquement correct.
Et pendant que les Bretons répètent ces mots sans les questionner,
leur identité s’efface peu à peu dans le silence poli du vocabulaire administratif.

Dire “territoire”, c’est consentir, se soumettre, se nier soi-même.

Chaque mot compte.
Quand tu dis “territoire”, tu participes à cette fiction.
Tu acceptes de réduire ta terre à une surface géographique.
Tu consens à ce que ta voix ne soit plus celle d’un peuple, mais d’un “acteur local”.

C’est pourquoi il faut désobéir linguistiquement.
Dire “Bretagne”, dire “pays”, dire “notre terre”.
Nommer ce qui existe réellement.
Car les mots sont le premier champ de bataille.

Les Légitimes, eux, nomment les choses

À l’opposé des Loyalistes, il y a les Légitimes.
Ceux qui parlent avec leurs racines.
Ceux qui nomment les lieux, les peuples et les histoires sans peur ni permission.
Nommer c’est posséder : c’est celui qui nomme qui possède.

Les Légitimes disent “Bretagne” parce qu’ils savent que ce mot porte mille ans de mémoire.
Ils disent “pays de Léon”, “pays de Redon”, “Armorique”.
Ils parlent vrai, là où les autres parlent sous dictée.

Reprendre la langue, reprendre la liberté

La reconquête commence par le langage.
Le mot “territoire” est le symbole parfait d’un pouvoir qui veut tout uniformiser.
Refuser ce mot, c’est retrouver de la précision, de la fierté, de la vérité.

Les Bretons n’ont jamais vécu sur un territoire.
Ils ont vécu sur une terre, dans un pays, au sein d’une nation. Ils sont un peuple.
Et tant qu’il restera des femmes et des hommes pour le dire,
la Bretagne ne sera jamais un territoire.

“Nous ne sommes pas un territoire. Et nous ne le serons jamais.
Nous sommes un peuple, une Histoire, une langue, une liberté.”

Fond de carte de GeoBreizh

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2 commentaires

Hervé Keringuer 21 octobre 2025 - 13h29

L ‘ancienne appellation était plus franche: « province », c’est à dire « pays vaincu ».

Répondre
Anne Merrien 21 octobre 2025 - 16h42

Province, région, territoire, qu’importe, dès lors qu’il ne manque pas un morceau de la Bretagne.

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