colonies intérieures

Les colonies intérieures de l’Hexagone

de NHU Bretagne

Les colonies intérieures : la face cachée de l’Hexagone

La question des colonies intérieures en France métropolitaine ne cesse d’alimenter débats et polémiques.
De nombreux penseurs, militants et chercheurs affirment que certaines régions, nations et peuples, intégrés le plus souvent de force à l’État français, continuent aujourd’hui de subir une domination culturelle et politique, voire économique.
Et si la France, derrière l’image d’une République indivisible, fonctionnait en réalité comme un empire intérieur ?

Qu’est-ce qu’une colonie intérieure ?

Traditionnellement, une colonie est un territoire conquis, administré et exploité par une puissance étrangère.
Mais le concept s’élargit. Appliqué à l’Hexagone, on parle de colonialisme intérieur lorsqu’une nation, périphérique le plus souvent, a été absorbée par la force, qu’une politique d’assimilation y a été imposée, et que son développement reste dépendant du centre.
Autrement dit, c’est un colonialisme sans océan à traverser, mais avec le même objectif : uniformiser, exploiter et contrôler.

Exemples de régions considérés comme colonies intérieures dans l’Hexagone

La Bretagne : une nation absorbée par la France

Histoire.
Duché indépendant jusqu’en 1532, la Bretagne a été annexée par la France. Les Historiens rappellent que ce consentement fut forcé et marqué par une lente érosion des institutions, des libertés et de la culture bretonnes.

Colonisation culturelle.
L’interdiction de la langue bretonne dans les écoles (lois Ferry) a brisé des générations. L’administration, hypercentralisée à Paris, a transformé la Bretagne en simple province périphérique.

Conséquences actuelles.
La Bretagne réclame toujours justice : réunification avec la Loire-Atlantique, reconnaissance de la langue bretonne, développement économique équilibré. Beaucoup estiment que Paris continue de décider à sa place. Pourtant, les énergies locales explosent : économie maritime, innovations dans les énergies renouvelables, dynamisme culturel.
La Bretagne avance, mais souvent malgré l’État central.

UDB et élections européennes
Touriste, la Bretagne crève – Bretagne= colonie

La Corse : une résistance toujours vive

Histoire.
La Corse fut indépendante sous Pascal Paoli, avant d’être cédée à la France en 1768 par la République de Gênes. Sans que le peuple corse n’ait eu son mot à dire. De colonie gênoise, la Corse est devenue colonie française.
Depuis, l’île n’a jamais cessé de résister.

Colonisation interne .
La marginalisation de la langue corse, la militarisation de l’île sous Napoléon et la répression des mouvements autonomistes rappellent des logiques coloniales. Mais la Corse ne se tait pas : elle continue à revendiquer son identité et une nouvelle autonomie.

Situation actuelle.
Aujourd’hui, une majorité nationaliste dirige la Collectivité de Corse. Les Corses démontrent qu’une identité vivante, portée par une volonté politique forte, peut forcer l’État à reconnaître une différence. La Corse illustre ainsi qu’une colonie intérieure peut redevenir actrice de son destin.

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Pays Basque et Occitanie : langues et cultures en résistance

Intégration officielle.
1620 pour le Pays Basque (Basse-Navarre) et Moyen Âge pour l’Occitanie (progressivement absorbée au XIIIe siècle).

Langues réprimées.
Le basque et l’occitan ont été systématiquement marginalisés. L’école républicaine a découragé leur usage, brisant la transmission familiale.

Un modèle économique déséquilibré.
Comme la Bretagne ou la Corse, ces peuples ont souvent vu Paris siphonner leurs richesses et dicter leurs priorités.
Pourtant, elles ont su réinventer leur avenir. Au Pays Basque / Euskadi, l’économie coopérative est florissante. En Occitanie, la création culturelle en occitan reprend de la vigueur. Ces peuples prouvent qu’aucune identité n’est condamnée à disparaître si elle trouve l’énergie de renaître.

L’Alsace : entre France et Allemagne

Histoire.
L’Alsace a changé plusieurs fois de souveraineté. Ballottée entre France et Allemagne, elle a forgé une culture originale.

Assimilation forcée.
Après 1918 puis 1945, la République française a imposé une francisation massive. L’alsacien a été relégué au second plan, parfois interdit dans les écoles.

Aujourd’hui.
Pourtant, la langue et la culture alsaciennes continuent d’exister, portées par des associations et une nouvelle génération fière de ses racines. L’Alsace démontre qu’une identité peut survivre à toutes les tempêtes.

La Savoie : l’oubliée des Alpes

Intégration officielle : 1860 (traité de Turin).

Histoire.
La Savoie et le comté de Nice furent rattachés à la France en 1860, après un plébiscite organisé sous l’influence de Napoléon III. Officiellement, les Savoyards ont voté leur rattachement. Mais de nombreux historiens dénoncent des pressions, un scrutin biaisé et une annexion présentée comme un « choix démocratique ».

Colonisation culturelle.
Rapidement, la langue savoyarde et les spécificités locales ont été reléguées. Paris a imposé son administration et son modèle centralisé. Comme ailleurs, le jacobinisme a cherché à transformer la Savoie en simple département français.

Situation actuelle.
Des voix savoyardes réclament aujourd’hui une réévaluation de cette intégration, certains allant jusqu’à parler d’annexion forcée. La Savoie rappelle que l’histoire de la République n’est pas uniquement celle de la liberté, mais aussi celle de l’absorption de peuples aux traditions vivantes.

Le modèle jacobin : un projet d’assimilation généralisée

Depuis la Révolution française, l’État central a toujours cherché à uniformiser.
Les autres langues nationales présentes, aujourd’hui qualifiées de « régionales » ont été perçues comme des menaces.
Les cultures régionales, vues comme des archaïsmes. Le jacobinisme a imposé l’idée d’une France unique, une et indivisible. Mais derrière cette façade, beaucoup voient une politique d’homogénéisation autoritaire, proche d’un colonialisme intérieur.

Et pourtant, malgré ces siècles de centralisation et de suprémacisme linguistique, les peuples de l’Hexagone continuent d’exister, de créer, de chanter, d’inventer. Le jacobinisme a tenté de les gommer, mais il n’a jamais réussi à les faire disparaître.

Domination économique et sociale : Paris contre les colonies intérieures ?

Les critiques ne s’arrêtent pas à la culture. Elles touchent aussi l’économie.

  • La Bretagne dénonce un manque d’investissements publics.
  • La Corse pointe un modèle économique déséquilibré et dépendant.
  • Le Nord a subi une désindustrialisation brutale sans véritable plan de reconversion.
  • Les campagnes se vident, victimes de la fermeture des services publics et de la concentration des richesses autour de la capitale.

Pour beaucoup, Paris fonctionne comme une métropole coloniale : elle aspire les ressources, concentre les pouvoirs et laisse les périphéries exsangues. Mais les autres nations de cet Hexagone finissant, elles, ne se laissent plus faire. Coopératives, circuits courts, initiatives citoyennes, tout démontre que les peuples reprennent confiance.

La France, un empire intérieur en mutation ?

Certes, la France ne possède plus officiellement de colonies outre-mer (ou si peu). Mais son modèle ultra-centralisé continue d’agir comme une domination interne. Pourtant, la donne change. Jamais les peuples et nations de l’Hexagone n’ont eu autant d’outils pour exister : réseaux sociaux, écoles immersives, mobilisations citoyennes, coopérations européennes.

Plutôt que de rester dans la plainte, beaucoup choisissent désormais la construction.
La Bretagne innove, la Corse résiste, le Pays Basque invente, l’Alsace se redresse.
Tous démontrent qu’un autre futur est possible.

Alors, empire intérieur ou mosaïque de nations en devenir ?
L’avenir dépendra de la capacité des peuples à continuer de croire en eux-mêmes.
Une chose est sûre : les colonies intérieures n’ont pas dit leur dernier mot.

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