21 juin 2018

Macron, Kemper en Bretagne : le mépris !

de Rémy PENNEG
Publié le Dernière mise à jour le

Ce Jeudi 21 Juin 2018 restera pour beaucoup de Bretonnes et de Bretons une triste journée.

21 Juin 2018.
Pourtant le soleil était radieux sur l’ensemble du pays. De plus c’était le premier jour de l’été et la Fête de la Musique. Bref tout allait bien en Bretagne.

Mais c’était sans compter sur Emmanuel MACRON, Président du pays d’Europe sans doute le plus centralisateur.
Près de deux heures d’allocution à Kemper. Quelques annonces, plus de promesses, un peu de verroterie distribuée aux indigènes, et beaucoup, beaucoup,  de mépris.

On l’a déjà vu en Corse récemment, agir de la sorte. Blocage jacobin total sur les points qui pourtant sont de plus en plus populaires en Bretagne : le développement du breton partout, une demande forte d’une certaine autonomie de décisions, le retour de la Loire Atlantique en Bretagne. Pour ne citer que ces trois là.

Nous publions ici cette lettre écrite par un Ami, un Citoyen breton de Cornouaille à ce Président que je n’appelle pas par son prénom :

« Prezegenn Kemper : Mon Président,

Je t’ai écouté penn-da-benn, sur les hauteurs du Frugy .
Je t’écris une lettre que tu liras peut-être pas ! Pour te dire, avec mes mots arrangés, ce que j’ai retenu ! Thèse, antithèse et foutaises, tout splann avec moi !

Sur la forme, je sais bien que beaucoup de mes amis vont te reprocher l’absence assourdissante de gwenn-ha-du dans ton arrière-plan présidentiel ! Tu pouvais pas voir parce que c’était derrière toi qu’on aurait dû les voir ! Je sais aussi que tu es le Président de la république de France et que tu as aimé mieux décorer avec tes couleurs !

Pour le fond , beaucoup à dire, voire à redire, d’ailleurs ! 

Tes moultes promesses ont semblé ravir et se pâmer l’assemblée, devant toi ! Ces promesses, pour intéressantes qu’elles soient, en des domaines aussi divers et variés que les communications, l’agriculture, la pêche et tout le toutim, qu’en penser ? Ce sont des promesses et l’avenir nous dira si elles furent seulement des annonces de ta part !

Par contre, là où tes choix semblent actés, à savoir les dents creuses de la Loi Littoral et le retour du 44 dans la légitimité de la Bretagne historique, sois certain que notre pugnacité dont tu nous as rebattu les oreilles trouvera à s’employer, Mon Président !
Pour en finir, ton  » Bevet Breizh  » montre que tu as retenu ou ré écouté le discours du grand Charles, en février 1969 !
J’ai cru que tu allais entonner le Bro Gozh !
Non, je déconne !
Ps : je ne mets pas de timbre sur l’enveloppe, comme tu m’as dit !

Ken bremaik »

A vous qui suivez NHU Bretagne depuis cinq ans pour les plus ancien(ne)s.

Il y a des dates qui comptent. Et ce 21 Juin 2018 sera de celles-là pour la Bretagne. Pour son malheur. Mais pas seulement, heureusement. Il y aura incontestablement, un avant 21 Juin 2018 et un après. Et cet après a déjà commencé.

Il y a toujours, bien sûr, ces cohortes de Citoyens naïfs qui « attendent » qu’enfin, un Président vienne un jour de Paris nous annoncer de vrais décisions (des décisions, pas des promesses). Décision pour Diwan et une vraie dynamique pour notre langue qui s’affaiblie chaque jour. Également pour annoncer une réelle dévolution de vrais pouvoirs de décisions. Tant au niveau économique que culturel, sur les transports et la santé. Comme cela existe déjà depuis des décennies dans les plus importants pays d’Europe, et même bien au-delà.

Puis la décision de nous rendre notre cinquième élément, la Loire Atlantique. Un simple décret pour le voler; un simple décret pour le restituer : pas bien compliqué !

Et nos élus ?

Nos élus ne sont pas naïfs à ce point, eux. Eux, pour la plupart, savent très bien que le pouvoir central abrité dans le château parisien n’est pas prêt à détendre son emprise sur « ses » provinces. Mais peu leur importe, à quelques exceptions près, fort heureusement.

On connaît ces derniers et eux on les respecte. Pour les autres, leur essentiel est de faire partie de la cour et de profiter des privilèges que leur confère leurs titres, ne serait-ce que d’un selfie ou d’une breloque métallique pour un revers de veste. Titres auxquels ils s’accrocheront coûte que coûte. Quitte à renier. C’est dans la nature humaine, et chacun d’entre nous ferait, peut-être, la même choses

Ces élus-là ne craignent qu’une seule chose : l’opinion publique.
Tant que « l’opinion publique » reste dans le rang, ils ne bougent pas, ou peu. Seule la pression du « bas » peut les faire réagir. Ils ne sont en place, dans leurs petites baronnies, que par la volonté du peuple. Mais entre deux scrutins, et deux trains de promesses peu tenues, que se passe t-il ?

Ne jamais rien attendre du « haut », de Paris.

Dans un état hyper centralisé comme celui dans lequel nous vivons, tout ou presque vient du haut. En l’occurrence de Paris.
Or dans la vraie vie, rien ne dure qui ne vienne du bas. Un arbre, une plante, un bâtiment … commence en bas. Par une graine et des racines, par quelques premières pierres. Et si tout va bien, petit à petit, on atteint le haut. Pour que le haut tienne, il faut que le bas soit solide.

Rien de ce qui est pensé dans les bureaux de la république qui nous intéresse ne vient véritablement du bas. C’est à dire du Citoyen, du peuple. Tout est imposé d’en haut, pour le haut.

Un tel ensemble est contre-nature.

Et ce qui est contre-nature, tôt ou tard, s’écroule. Le jacobinisme franchouillard a vécu. Il vit ses derniers sursauts, et est comme dirait Emmanuel MACRON, « dépassé« . Les signes avant-coureur de son effondrement sont chaque jour devant nos yeux. Et l’allocution de Kemper en est un parfait exemple.

Le mépris affiché sera proportionnel à cet effondrement. Le pouvoir central sait mieux que quiconque que l’armure jacobine est en mauvais état. Qu’elle craque de partout et qu’elle ne tiendra plus longtemps. Un manque évident d’imagination et de moyens ne permet plus une réparation durable.

Nous-Mêmes.

Cela fait trop longtemps que les Bretonnes et les Bretons attendent. De plans en contrats de région, de promesses en pactes pour la Bretagne, on attend. On espère, on quémande, on y croit … Depuis des lustres. Et à chaque fois, la même déception. Combien de temps encore, allez-vous, allons-nous, attendre et espérer ce qui ne viendra jamais de Paris ?
La seule solution qui nous reste est double, selon moi.

Réunir

Toutes les personnes qui ont la volonté d’organiser un autre avenir pour la Bretagne dans une structure commune. Où les intérêts supérieurs de la Bretagne passeront avant toute autre considération personnelle et partisane. Ne pas renier, bien sûr, ce qu’on est et ce qu’on pense. Mais le mettre après l’intérêt commun.

Internationaliser notre communication.

Nous sommes, qu’on le veuille ou pas; qu’on le déplore ou pas, dans une ère de communication effrénée. Nous devons rapidement organiser un média breton anglophone pour dire au reste du monde ce qui se passe en Bretagne. Nous avons besoin du support des Irlandais, des Amérindiens d’Amérique du Nord, des Québécois, des Écossais, des Australiens …

Rappelez-vous : l’opinion publique est souvent la plus forte. Et même pour un état hyper centralisé, refermé sur lui-même, l’opinion publique internationale est importante.

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