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Macron ne quittera jamais le pouvoir de lui-même
Macron ne quittera jamais le pouvoir.
En France, les présidents passent. Mais la verticalité, elle, reste.
Depuis 1958, la Ve République a fait du chef de l’État une sorte de monarque républicain.
Mais avec Emmanuel Macron, cette logique atteint un niveau inédit : le pouvoir ne se partage plus, il se possède.
Macron ne gouverne pas seulement le pays. Il incarne le pouvoir, au point d’en être devenu prisonnier.
Et parce qu’il s’y identifie totalement, il ne quittera jamais le pouvoir de son plein gré.
Alors que son autorité s’effrite et que la France s’enlise, une question se pose : que devient un pays dirigé par un homme incapable de partir ?
Un rapport pathologique au pouvoir
Le pouvoir comme miroir
Chez Emmanuel Macron, le pouvoir n’est pas un moyen. C’est un miroir.
Il y voit son reflet, sa réussite, sa justification.
Sans ce miroir, il n’existe plus.
Tout passe par lui, tout dépend de lui.
Ses ministres sont interchangeables, ses conseillers éphémères.
Mais lui demeure, perché au sommet de sa pyramide, persuadé que le pays tient debout parce qu’il le regarde d’en haut.
Chaque critique devient une attaque personnelle.
Chaque opposition, une faute morale.
Macron ne gouverne pas : il corrige le peuple quand celui-ci dévie de sa ligne.
C’est ce qui rend toute remise en question impossible.
L’homme providentiel autoproclamé
Emmanuel Macron se vit comme le sauveur d’une France en crise permanente.
Dans son esprit, il n’y a pas d’alternative crédible.
Le récit qu’il raconte depuis 2017, c’est celui d’un homme seul contre la médiocrité du vieux monde.
Cette conviction d’être “le seul capable” justifie toutes les décisions, toutes les recentralisations.
Le pouvoir devient alors une mission quasi religieuse, où il se place au-dessus des clivages, mais aussi au-dessus des limites.
Le pays devient son théâtre.
Et il n’y a de place que pour un acteur principal : lui.
Des précédents historiques français : Louis XIV et Napoléon
Louis XIV : “L’État, c’est moi”
Louis XIV incarne la fusion totale entre l’homme et l’État.
Le royaume, c’est lui. La gloire, c’est lui. L’autorité, c’est lui.
Même malade, il refuse de céder.
Jusqu’à sa mort, il garde la main sur chaque décision.
Chez Macron, la logique est la même.
Le pouvoir ne se délègue pas, il se concentre.
Le président décide de tout, tranche tout, arbitre tout.
Ses ministres ne sont que des exécutants.
Son entourage n’existe que pour refléter sa volonté.
Comme le Roi-Soleil, Macron voit la France à travers sa propre personne.
La République devient son Versailles, les institutions ses courtisans.
Et comme Louis XIV, il partira seulement quand le pouvoir lui échappera de force, pas avant.
Napoléon : régner jusqu’à la défaite
Napoléon est l’autre grand modèle de cette impossibilité à renoncer.
Génie militaire et politique, il s’est construit seul, par la conquête.
Mais une fois privé de pouvoir, il s’effondre.
Son abdication de 1814 n’est qu’une pause : il revient aussitôt.
Les “Cent-Jours” traduisent cette vérité psychologique : il ne peut pas vivre sans régner.
Il tombera seulement à Waterloo, quand tout autour de lui s’écroule.
Macron partage ce syndrome.
La perte du contrôle lui est insupportable.
Il ne démissionnera pas, car il ne conçoit pas la France sans lui à sa tête.
Comme Napoléon, il préfère l’obstination à la lucidité.
Et comme Napoléon, il finira par régner sur un champ de ruines, persuadé d’avoir eu raison jusqu’au bout.
Les fausses sorties : pourquoi il ne partira pas autrement
La cohabitation : une humiliation impensable
Une cohabitation serait pour lui pire qu’une défaite.
Ce serait vivre dans un palais où il ne décide plus de rien.
Macron ne supporte pas le vide du pouvoir.
Il préfère la crise à la frustration.
Accepter un Premier ministre fort reviendrait à reconnaître une limite à son autorité.
Or, dans son univers mental, il n’y a pas de limite.
Il tiendra donc jusqu’au bout, même contre une majorité hostile.
La démission ou la mise en retrait : exclues d’emblée
Démissionner, c’est admettre l’échec.
Se mettre en retrait, c’est avouer qu’il n’est pas indispensable.
Ces deux idées sont inenvisageables pour une personnalité qui se vit comme la clé de voûte du système.
Macron ne partira pas de lui-même, car partir, c’est se nier.
Et il ne se nie jamais.
Les seules issues possibles
La destitution constitutionnelle
L’article 68 de la Constitution permet théoriquement la destitution du président en cas de “manquement à ses devoirs”.
Mais cette procédure suppose une majorité des deux tiers dans les deux chambres.
Autrement dit, elle est politiquement impossible sans effondrement du régime.
Tant que les institutions tiennent debout, Macron tiendra avec elles.
Ce n’est pas la loi qui le fera tomber, mais la réalité.
L’effondrement du régime
Si la France entrait dans une crise totale — sociale, économique, ou institutionnelle — le pouvoir présidentiel pourrait devenir vide de sens.
Un président sans obéissance n’a plus d’autorité.
Mais même là, il ne partirait pas.
Il s’enfermerait dans son rôle, persuadé que seule sa présence empêche le chaos.
Il resterait donc, même seul, même impuissant.
Comme un roi sans couronne, refusant de quitter son trône renversé.
Le jusqu’au-boutisme : l’article 16 ou la fuite en guerre
L’article 16 : les pleins pouvoirs légaux
L’article 16 de la Constitution permet au président de s’octroyer les pleins pouvoirs en cas de “crise grave”.
Pendant cette période, il décide de tout, sans contrôle réel.
Les élections peuvent être reportées, les institutions suspendues.
Macron a déjà normalisé cette idée d’urgence permanente.
Il a dit “Nous sommes en guerre” face au Covid, justifiant la centralisation absolue.
Dans son esprit, le salut de la nation passe toujours par lui.
Un nouveau choc – sécuritaire, migratoire ou énergétique – pourrait donc justifier l’usage de cet article.
Ce serait un coup d’État légal, mené au nom de la stabilité.
La tentation de la guerre
La guerre est, depuis toujours, le refuge des dirigeants fragilisés.
Un conflit majeur permet de suspendre le débat démocratique, de rallier le pays autour du chef.
Une confrontation plus directe avec la Russie – même limitée – offrirait à Macron cette opportunité : apparaître en “chef de guerre”, au-dessus des querelles politiciennes.
Dans un tel contexte, les élections pourraient être repoussées.
Cette logique s’inscrirait parfaitement dans son jusqu’au-boutisme : prolonger son pouvoir au nom du devoir, rester “quoi qu’il en coûte”, et sauver la République… quitte à la déformer.
Une cohérence psychologique
Ce n’est pas seulement du cynisme, c’est une cohérence.
Macron croit sincèrement que sa présence est indispensable.
Il se perçoit comme le rempart ultime contre le chaos.
Et si le chaos ne vient pas, il pourrait le provoquer pour justifier son rôle.

Et la Bretagne, dans tout ça ?
Où est la Bretagne, dans ce théâtre parisien ?
Elle regarde, impuissante, une République finissante qui tourne en rond autour d’un homme seul.
À chaque crise de Paris, c’est la Bretagne qui subit.
Les décisions se prennent ailleurs, les blocages se répercutent ici.
Pendant que l’État central s’enlise dans sa verticalité malade, la Bretagne perd son temps, son énergie, sa créativité.
Elle pourrait être un modèle de gouvernance moderne, locale, démocratique.
Mais elle reste prisonnière d’un système figé, construit autour du culte du chef.
La Bretagne n’a rien à faire dans ce bourbier français, où les présidents se prennent pour des rois et les ministres pour des courtisans.
Ici, on sait que le pouvoir se partage.
Là-bas, on pense encore qu’il se possède.
Un président incapable de quitter le pouvoir, c’est un pays incapable d’avancer.
Et la Bretagne, elle, n’a pas vocation à couler avec le navire.