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Psychanalyse de la Bretagne : un essai qui interroge notre identité collective
Psychanalyse de la Bretagne, le nouveau livre paraît le 02 Octobre 2025.
Son titre intrigue et dérange : Psychanalyse de la Bretagne. Son auteur, le journaliste et essayiste breton Yann Lukas, propose d’allonger la Bretagne sur le divan pour comprendre ses blessures identitaires, ses complexes et ses forces encore cachées. À travers cet ouvrage, il invite les Bretons à regarder en face une histoire lourde et souvent douloureuse, afin de retrouver collectivement l’estime de soi.
Une démarche inédite : allonger la Bretagne sur le divan
L’idée peut sembler étonnante. Comment un pays peut-il être soumis à une psychanalyse ?
Pourtant, l’ambition de Yann Lukas est claire. Il ne s’agit pas d’un simple essai historique ou d’un pamphlet politique. Il s’agit d’une véritable tentative d’analyse des symptômes qui fragilisent la conscience bretonne. Comme dans une thérapie, chaque chapitre correspond à une séance où les maux sont exposés, nommés, puis analysés.
L’auteur reprend une démarche déjà expérimentée ailleurs.
Le pasteur Frédéric Hoffet avait publié en 1951 une Psychanalyse de l’Alsace. Son livre est devenu un classique. Mais Yann Lukas précise que le parallèle s’arrête au titre. Ce qu’il propose pour la Bretagne est unique. Ce n’est pas une psychanalyse des Bretons eux-mêmes, mais bien celle de la Bretagne en tant qu’entité historique, politique et culturelle.
L’État disparu, la nation affaiblie, le peuple encore debout
Dès les premières pages, l’auteur énonce un constat brutal.
En tant qu’État, la Bretagne a disparu depuis cinq siècles. Et en tant que nation, elle s’étiole sous le poison du centralisme français. En tant que peuple, les Bretons conservent une identité, mais une identité fragilisée. Et la question se pose : pour combien de temps encore ?
Selon Yann Lukas, le mal vient d’abord d’un défaut d’estime de soi.
La Bretagne s’est trop souvent regardée à travers le regard des autres. Elle a intériorisé un jugement extérieur qui l’a diminuée. Elle a développé des complexes dont elle ne s’est jamais complètement libérée.
Des blessures historiques encore ouvertes
L’essai met en lumière les grandes étapes de cette fragilisation. Conquise militairement et annexée brutalement par la France au XVIe siècle, la Bretagne a vu ses particularismes rapidement attaqués. Le pouvoir royal a cherché à rogner ses libertés. Les révoltes ont été nombreuses mais toujours réprimées dans le sang.
La Révolution française a ensuite imposé un autre carcan.
Sous couvert d’universalité, elle a interdit la diversité.
La langue française a été imposée comme unique langue de la République, présentée comme outil de progrès et d’intégration. Avec l’école obligatoire, l’éradication des langues dites « régionales » s’est accélérée. Aujourd’hui, le breton et le gallo sont en danger de disparition, malgré les efforts militants pour les maintenir vivants.
À cette perte linguistique s’ajoute l’amputation territoriale. L’exclusion de la Loire-Atlantique du reste de la Bretagne a laissé une plaie béante. La mémoire historique elle-même a été affaiblie : l’Histoire de Bretagne n’est enseignée nulle part, ce qui prive des générations entières de la connaissance de leurs racines.

Symptômes sociaux et complexes collectifs
L’auteur ne s’arrête pas à l’Histoire.
Il explore aussi des réalités sociales et culturelles actuelles. La Bretagne fut marquée par un alcoolisme particulier, plus lourd que dans d’autres régions d’Europe. Elle connaît un taux de suicide plus élevé que la moyenne hexagonale. Elle souffre aussi d’un complexe persistant : celui de Bécassine, figure moquée et caricaturée, symbole d’une identité réduite à l’ignorance et à la naïveté.
À ces symptômes s’ajoute le regard extérieur.
Beaucoup aiment la Bretagne comme destination de vacances, mais peu veulent y vivre à l’année. Yann Lukas rappelle que, durant sa carrière journalistique, il n’a jamais entendu : « Ils nous enviaient d’être bretons. » Cette condescendance amicale mais réelle traduit une forme de mépris latent, parfois inconscient, mais toujours douloureux.
Une thérapie pour retrouver confiance
Malgré ce tableau sombre, l’ouvrage n’est pas un réquisitoire. Il se veut un outil de compréhension et d’émancipation. Comme une psychanalyse, il permet d’identifier les blessures, d’en comprendre l’origine et d’imaginer un chemin de guérison.
Pour Yann Lukas, il n’est pas trop tard.
La Bretagne peut encore retrouver confiance. Elle peut dépasser ses complexes, assumer sa singularité et se tenir debout. Mais pour cela, elle doit cesser de se juger à travers les yeux des autres et retrouver collectivement l’estime de soi.
Un auteur engagé et lucide
Yann Lukas aime se définir avec une touche d’humour : espèce bretonne, sous-espèce morbihannaise, variété brittophone. Mais derrière la formule se cache un parcours solide. Journaliste à Ouest-France, il a consacré plus de quarante ans de carrière à écrire sur sa Bretagne. Il est l’auteur d’une vingtaine de livres, allant du guide pratique à l’essai piquant. Parmi ses ouvrages les plus connus figurent Je suis breton mais je me soigne et Bretagne Anti-guide.
Son style est précis, efficace, émaillé de formules qui marquent. Il refuse les discours simplistes et préfère donner aux lecteurs des clés de réflexion. Il s’inscrit dans une tradition d’essayiste engagé mais lucide, attaché à son pays sans tomber dans l’aveuglement identitaire.

Un accueil critique déjà positif
La presse salue la pertinence de sa démarche. Pour Ouest-France, ses ouvrages « donnent matière à aimer et comprendre notre région« . Pour TéléStar, ce nouvel essai est « piquant et lumineux« , revisitant l’Histoire de la Bretagne et interrogeant l’identité sans tabous.
Ces premiers retours confirment que Psychanalyse de la Bretagne ne laisse pas indifférent. Il ouvre un débat, secoue les certitudes et incite à regarder en face des vérités parfois dérangeantes.
Informations pratiques
- Titre : Psychanalyse de la Bretagne
- Auteur : Yann Lukas
- Illustrateur : Jean-Michel Delambre, dessinateur au Canard Enchaîné
- Éditeur : Héliopoles
- Date de parution : 2 octobre 2025
- Prix : 18,50 €
- Pagination : 240 pages
- ISBN : 978-2-37985-134-6
Yann Lukas sera présent au FLB Festival du Livre en Bretagne à Carhaix / Karaez les 25 et 26 Octobre 2025, l’occasion d’échanger avec lui autour de cette publication.
Psychanalyse de la Bretagne : un miroir tendu à la Bretagne
Cet essai n’est pas seulement un livre de plus sur l’identité bretonne. Il se veut un miroir, parfois impitoyable, tendu à une région qui doute encore d’elle-même. En explorant les blessures héritées de l’histoire et les symptômes du présent, il rappelle que la Bretagne ne peut avancer qu’en assumant pleinement ce qu’elle est.
Une psychanalyse n’est jamais une condamnation.
Elle est une chance de mieux se connaître pour mieux se relever. En plaçant la Bretagne sur le divan, Yann Lukas nous offre une opportunité rare : celle de dépasser nos complexes et de retrouver la fierté d’être breton. Et si, enfin, la Bretagne sortait de sa honte héritée pour retrouver une confiance nouvelle ?
Yann Lukas a écrit sur NHU Bretagne
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