autonomie pour la Bretagne

Régionalisme français : un tournant historique

de NHU Bretagne

Régionalisme français : un tournant historique. L’Ifop confirme l’aspiration des territoires, la Bretagne en première ligne

Régionalisme français.
À l’occasion de l’Université d’été de Régions et Peuples Solidaires (R&PS), organisée en Corse fin août 2025, l’Ifop a rendu public une vaste enquête nationale et territoriale sur la décentralisation, l’identité et le régionalisme. Rarement un sondage n’aura livré un tel faisceau d’enseignements : le jacobinisme est rejeté, le fédéralisme n’est plus tabou, les langues régionales bénéficient d’un plébiscite, et les identités territoriales s’affirment.

Dans ce tableau, la Bretagne apparaît comme l’un des épicentres de cette vague : 72 % de rejet du redécoupage régional de 2015, 78 % favorables au fédéralisme, 87 % pour la reconnaissance du breton et 47 % d’attachement prioritaire à la Bretagne. Plus qu’un simple sondage, cette étude marque un tournant : la France centralisée est à bout de souffle.

régionalisme
régionalisme

Une demande massive de décentralisation

Premier enseignement : la France ne veut plus d’un État omnipotent. 68 % des Français estiment que les collectivités locales n’ont pas assez de pouvoirs, soit une progression de 18 points depuis 2012. Autrement dit, ce qui était une opinion minoritaire devient désormais majoritaire.

Cette aspiration traverse toutes les catégories sociales et politiques : 73 % des seniors, 75 % des habitants des communes rurales, 79 % des électeurs de Marine Le Pen. En Bretagne, cette demande se traduit par une revendication claire : retrouver des marges de manœuvre dans les domaines où Paris échoue — agriculture, pêche, transports, énergie, éducation …
Question : le pouvoir central n’échoue t-il pas sur tout ?

Adapter les lois aux réalités locales : une révolution

L’un des résultats les plus spectaculaires concerne la différenciation législative. 73 % des Français souhaitent que les régions puissent adapter les lois nationales aux réalités locales.
C’est une véritable révolution : dans un pays où l’uniformité a toujours été présentée comme garante de l’égalité, les Français plébiscitent la diversité des règles.

Ce soutien transcende les clivages politiques : 66 % des électeurs de centre-gauche, 74 % de ceux de droite, 80 % des électeurs d’extrême-droite. Les dirigeants d’entreprise sont encore plus nombreux (81 %) à défendre cette souplesse.

En Bretagne, ce résultat valide ce que les acteurs locaux répètent depuis des décennies : comment gérer l’enseignement bilingue breton/français, la protection du littoral ou la filière maritime sans tenir compte de réalités spécifiques ?
L’adaptation législative aux territoires est devenue une évidence.

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Loïg Chesnais Girard, en Bretagne, nous refusons votre vision jacobine passéiste et périmée, et voulons l’autonomie pour la Bretagne. Rien de moins

Le fédéralisme n’est plus tabou

Autre bouleversement : 71 % des Français se disent favorables à un modèle fédéral renforçant considérablement le pouvoir des peuples et nations de l’Hexagone. Il y a encore vingt ans, un tel chiffre aurait semblé impensable.

Les chiffres régionaux confirment l’ampleur du basculement : 86 % en Alsace, 82 % en Alsace-Moselle, 78 % en Bretagne, 76 % en Corse. Autrement dit, dans les régions de forte identité, le fédéralisme est désormais l’option préférée.

Pour la Bretagne, c’est un signal fort : une organisation fédérale permettrait enfin de décider localement de politiques adaptées à son économie, à sa culture et à ses besoins. De l’énergie marine aux langues régionales, en passant par la réunification, le fédéralisme offre un cadre politique crédible à l’émancipation bretonne.

Le rejet massif du redécoupage de 2015

La réforme Hollande de 2015, imposée au nom de la rationalisation administrative, est désormais un échec avéré. 68 % des Français souhaitent une réforme tenant compte des réalités historiques et culturelles.

Le rejet est particulièrement fort dans les régions maltraités par cette réforme : 84 % en Alsace, 80 % en Corse, 77 % en Catalogne, 72 % en Bretagne.
En Alsace, 80 % des habitants veulent sortir du « Grand Est », contre 68 % en 2019.
En Bretagne, 48 % souhaitent la réunification avec la Loire-Atlantique, contre 39 % en 2012.
La progression est lente mais constante, confirmant que la revendication est enracinée.

La leçon est claire : les réformes technocratiques imposées d’en haut échouent toujours.
L’efficacité économique ne peut se substituer à l’ancrage historique et culturel.

La Corse en première ligne

La Corse reste le laboratoire politique de la décentralisation.
76 % des Corses soutiennent le projet de loi constitutionnelle sur l’autonomie, avec 87 % chez les jeunes. À l’échelle hexagonale, 51 % des citoyens y sont favorables.

Ce soutien transcende même les clivages politiques insulaires : 74 % des électeurs RN en Corse et 75 % des électeurs de Marine Le Pen se disent favorables à l’autonomie, malgré l’opposition affichée du parti au niveau parisien.

Ce plébiscite corse démontre qu’une autonomie poussée est compatible avec l’appartenance à la République. Mais il illustre surtout que le modèle jacobin ne correspond plus aux attentes des populations. Et ce qui vaut pour la Corse vaut aussi pour la Bretagne.

élections en Bretagne
élections en Bretagne

Pays basque, Savoie, Catalogne nord : la poussée des statuts particuliers

L’étude Ifop révèle une montée parallèle des revendications dans d’autres régions :

  • 62 % des habitants du Pays basque nord souhaitent une collectivité à statut particulier.
  • 51 % des Savoyards veulent une région Savoie, contre 41 % en 2000.
  • En Catalogne nord, 77 % rejettent le redécoupage de 2015.

Partout, la même logique domine : les identités locales résistent aux découpages artificiels.

Langues régionales : un consensus national

Sur le terrain culturel, le sondage est sans appel. 77 % des Français veulent la reconnaissance officielle des langues régionales, un chiffre stable depuis 1999. Dans les régions concernées, les niveaux sont impressionnants : 93 % en Corse, 91 % au Pays basque, 90 % en Alsace, 87 % en Bretagne.

L’école est au cœur de ce consensus : 84 % des Français souhaitent l’enseignement de l’histoire « régionale », et 81 % veulent que chaque élève puisse apprendre une langue régionale.

En Bretagne, 57 % soutiennent même l’idée d’un enseignement obligatoire du breton, en hausse de 8 points depuis 2000. Le message est clair : la société civile est en avance sur l’État central et sur ses politiques Loyalistes serviles serviteurs.

Loig Chesnais-Girard « Je voeu à l’avenir, plus de Bretagne et moins de Paris ». Vous commencez quand ?

Le rejet du centralisme politique et médiatique

Le verdict est brutal pour Paris : 90 % des Français jugent l’État central trop déconnecté des réalités locales.
Ce rejet est massif dans toutes les catégories : 93 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, 95 % de ceux d’Éric Zemmour, 95 % des ruraux, 79 % des jeunes.

Les médias ne sont pas épargnés : 82 % estiment que l’activité médiatique est trop centrée sur Paris. En Bretagne, ce sentiment monte à 89 %.

Enfin, seuls 29 % des Bretons pensent que leurs besoins sont pris en compte par le gouvernement national. Autrement dit, l’immense majorité considère que Paris les ignore.

Identités régionales : un basculement culturel

Au niveau national, 27 % des Français se disent principalement attachés à leur région, contre 23 % en 2011.
Mais dans les régions de forte identité, ces chiffres explosent : 57 % en Corse, 47 % en Bretagne, 41 % au Pays basque, 39 % en Alsace-Moselle.

L’attachement régional concurrence directement l’attachement national.
20 % des Français se sentent plus attachés à leur région qu’à la France.
En Bretagne, ce chiffre grimpe à 36 %, et 34 % des Bretons se disent avant tout Bretons.

Ces données sont fondamentales : elles montrent que les identités régionales ne sont pas un folklore mais une réalité politique durable.

Focus sur la Bretagne : une nation debout

La Bretagne est sans doute, avec la Corse et l’Alsace, l’un des pays les plus directement concernés par ce sondage.

  • Réunification : 48 % des Bretons veulent la Loire-Atlantique. Ce chiffre progresse lentement mais sûrement, confirmant que la réunification n’est pas une option mais une exigence démocratique.
  • Langue : 87 % des habitants de Bretagne soutiennent la reconnaissance du breton. Malgré la chute du nombre de locuteurs (9 % seulement en capacité réelle), l’attachement symbolique reste massif.
  • Fédéralisme : 78 % de soutien. L’un des plus hauts scores de cet Hexagone finissant.
  • Identité : 47 % des Bretons se sentent avant tout Bretons. C’est un basculement culturel majeur.

La Bretagne se place donc au cœur de la transformation de l’État central. Mais contrairement à la Corse, elle n’a jamais obtenu le moindre statut particulier. L’étude Ifop confirme que le temps est venu d’un vrai débat politique sur l’avenir institutionnel de la Bretagne.

Corse Gilles Simeoni vs Bretagne Loïg Chesnais-Girard
Corse Gilles Simeoni vs Bretagne Loïg Chesnais-Girard

Comparaisons européennes : la France en retard

Ce sondage met aussi en lumière l’isolement du modèle français en Europe.

  • Espagne : les communautés autonomes disposent d’un pouvoir législatif réel, la Catalogne ou le Pays basque ont leur police, leur fiscalité, leur langue officielle.
  • Allemagne : les Länder sont dotés de parlements puissants, garants d’une subsidiarité qui fonctionne.
  • Royaume-Uni : l’Écosse et le Pays de Galles ont leurs parlements, l’Irlande du Nord son assemblée, Londres une autonomie municipale.
  • Italie : le Trentin-Haut-Adige ou la Sicile bénéficient d’une autonomie poussée.

Comparée à ces modèles, la France apparaît comme une anomalie centralisatrice. Mais le sondage Ifop montre que les Français eux-mêmes ne veulent plus de cette exception jacobine.

Prospective : une Bretagne autonome dans 10 ans ?

Si les aspirations mesurées par l’Ifop se traduisaient politiquement, la Bretagne pourrait, d’ici dix ans, bénéficier d’un cadre inédit :

  • Réunification avec la Loire-Atlantique, rendant à la Bretagne son intégrité historique.
  • Co-officialité du breton et du français, avec un enseignement obligatoire généralisé dans les écoles.
  • Pouvoir législatif régional, permettant d’adapter les lois à la réalité maritime, agricole et culturelle.
  • Fiscalité partagée, donnant à la Bretagne les moyens de ses politiques.
  • Gouvernance fédérale, inscrivant la Bretagne dans une République française pluraliste.

Ce scénario n’est pas une utopie : il correspond à ce que vivent déjà l’Écosse, le Pays basque espagnol ou la Bavière. La Bretagne a les moyens économiques, culturels et humains pour réussir cette transition.

Vers un Hexagone pluriel, la Bretagne en avant-garde

Ce sondage Ifop 2025 est un séisme politique.
Il confirme ce que les militants bretons, corses, alsaciens et basques affirment depuis des décennies : le jacobinisme est à bout de souffle.

La France n’a plus le choix : soit elle accepte de devenir une République plurielle, respectueuse de ses diversités, soit elle continuera à nourrir la défiance et la rupture.

En Bretagne, l’heure est venue de transformer ces chiffres en projet politique concret : réunification avec la Loire-Atlantique, co-officialité de la langue bretonne, pouvoir régional renforcé dans un cadre fédéral.

L’histoire avance. Les chiffres parlent. La Bretagne est prête.

extrêmes jacobins
extrêmes jacobins – quand un pays s’effondre

Méthodologie

« Étude Ifop pour Régions et Peuples Solidaires réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 25 juillet 2025 auprès d’un échantillon de 2 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, complétée par 7 échantillons territoriaux spécifiques en Alsace-Moselle (500), en Bretagne historique (500), en Pays de Savoie (500), en Corse (504), en Pays Basque nord (534), en Catalogne (500) et en espace occitan (518). »

Retrouvez ici tous les détails de cette passionnante étude

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4 commentaires

Anne Merrien 25 août 2025 - 19h54

Autant de Savoyards interrogés que d’Occitans : c’est un peu étrange.

Répondre
Penn kaled 26 août 2025 - 9h26

Je voudrais bien ne pas être pessimiste, mais quand l’on constate l’indifférence ,au mieux, d’une grande partie des Bretons qui regardent ailleurs, il ne faut pas prendre ses désirs pour des réalités.Les résultats électoraux des partis bretons ne confirment pas ces sondages. Il faudrait peut être revenir sur les fondamentaux historiques de l’emsav et partir sur de nouvelles bases davantage en adéquation avec la réalité bretonne actuelle ??

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Anne Merrien 26 août 2025 - 12h23

Pour ce qui est de la Réunification, il y a un gros problème d’expertise juridique.

Répondre
Van Der Stam Tristan 30 août 2025 - 0h15

Malgré un attachement fort à la Bretagne et à sa culture je ne pense pas que l’autonomie apportera moins de divisions bien au contraire ,il suffit de voir le résultat en Belgique entre wallons et Flamands où la division n’a jamais été aussi grande.
Je reste attaché au pouvoir centralisé tout en respectant les cultures régionales (langues,tradition,coutumes,terroir local …)
quant à la loire Atlantique je trouve normal qu’elle soit rattaché à l’actuelle Bretagne administrative.

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