Breizh civic lab

Breizh Civic Lab, le nouveau think tank en Bretagne

de NHU Bretagne
Publié le Dernière mise à jour le

Nouvelle interview de NHU Bretagne, qui rencontre cette fois Stéphane PÉAN et Ronan KERLEO, les Fondateurs du tout frais Breizh Civic Lab.

Bonjour Messieurs, et merci d’avoir bien voulu accepter de nous recevoir, pour parler de Breizh Civic Lab, votre think tank breton tout nouvellement créé.

Tout d’abord, pourquoi, comment et quand est née cette idée ?

La volonté de créer Breizh Civic Lab est née d’échanges entre individus qui se sont rencontrés sur le réseau communautaire BZH Network. Dédié à l’intelligence collective bretonne, ce dernier rassemble aujourd’hui plus de 10000 personnes distribuées sur les principaux réseaux sociaux. Ces trois dernières années, des réflexions sur l’avenir politique de la Bretagne ont émergé entre nous autour d’une même analyse et orientations pour la Bretagne.

Nous sommes partis du constat que les Bretons ne portent plus vraiment d’ambition collective pour se doter d’institutions intégrées et fortes permettant de mieux répondre aux grands enjeux actuels et à venir. Au cours de l’année 2018, le lancement de l’European Democracy Lab né à Berlin, un mouvement porté par la société civile, a été le déclencheur. Nous avons alors mis le pied à l’étrier pour bâtir une organisation bretonne équivalente afin de débattre avec les Bretonnes et les Bretons et de convaincre l’ensemble de nos représentants en vue de transformer nos institutions et nos pratiques collectives.

Jean Yves LE DRIAN semble vouloir créer, élections européennes à l’horizon, son mouvement Breizh Lab – Progressistes de Bretagne. N’y a t’il pas de confusion possible dans l’esprit de beaucoup de Breton(ne)s ?

La première assemblée générale du Breizh Civic Lab a eu lieu le 11 novembre 2018 et les statuts déposés à la préfecture de Loire-Atlantique la semaine suivante, semaine au cours de laquelle le Breizh Lab a également été annoncé.

Nous remarquons que Breizh Lab fédère à ce jour des élus tout en se voulant toutefois ouvert à la société civile. Nous devrions en savoir plus prochainement, mais que des élus se retrouvent pour porter un projet cohérent pour la Bretagne est en soi une initiative intéressante.

De notre côté, nous sommes déjà au travail et espérons que nos réflexions influenceront le Breizh Lab mais aussi l’ensemble des partis politiques ainsi que les organisations de la société civile.

Votre sous titre est double. S’il vous plaît, pouvez-vous nous en dire plus ?

a – « L’intelligence collective au service de l’innovation politique ».
b – « La Bretagne civique, républicaine et urbaine. »
Influencé par BZH Network, le Breizh Civic Lab s’inscrit aussi dans une démarche d’intelligence collective, c’est à dire collaborative. Par le passé, BZH Network a porté des initiatives économiques et culturelles mais n’était jamais vraiment allé sur le terrain politique. Avec le Breizh Civic Lab, nous souhaitons nous engager dans des réflexions visant l’innovation politique.

Comme tout think-tank, nous avons fait le choix d’orientations stratégiques qui portent nos valeurs fondamentales. Nous envisageons ainsi de donner un nouveau visage à la Bretagne que nous voulons « civique » car l’unité territoriale de la Bretagne a toujours été politique et non culturelle ou linguistique ; « républicaine » pour représenter les Bretonnes et les Bretons dans une nouvelle Assemblée de Bretagne aux pouvoirs étendus ; et « urbaine » car nos trois métropoles dynamiques et nos villes moyennes influencent nos pratiques dans les territoires.

Nous sommes entrées dans la crise des Gilets Jaunes. Comment vous positionnez vous par rapport à ce mouvement ?

Derrière la marque « Gilets Jaunes », il est assez difficile de décrypter les attentes de ce mouvement, souvent contradictoires. Au-delà de la question fiscale, les revendications pour plus de démocratie directe (RIC) ont récemment pris une certaine ampleur. Le cas de la Suisse est d’ailleurs souvent évoqué comme référence. Nous ne sommes pas obligatoirement contre et un vrai référendum serait bien utile pour enfin résoudre la question de la réunification de la Bretagne (avec la Loire-Atlantique). Néanmoins, nous considérons que la qualité du débat préalable est fondamentale pour donner une forte légitimité au résultat.
Nous pensons surtout qu’un certain nombre de questions concernent moins la Démocratie que l’organisation de la République. Certes, la Suisse est le pays de la démocratie directe mais c’est aussi le pays du fédéralisme. Mais en France, la République ne s’est décentralisée que dans une logique de gestion et non véritablement politique. En face des revendications démocratiques, nous devrions avoir un parlement régional qui débat et un exécutif qui agit au plus près du peuple, disposant d’un budget soutenu par une fiscalité propre. En ce sens, le Breizh Civic Lab propose d’établir u thol’Assemblée de Bretagne dans le cadre du droit à la différenciation.

Où souhaitez-vous situer Breizh Civic Lab sur l’échiquier politique, si tant est qu’il faille toujours se situer par rapport à l’existant ?

Nous constatons que nous sensibilisons des gens de tous âges aux origines sociales et sensibilités politiques très différentes. Et nous sentons qu’il y a un vrai besoin de réfléchir au monde d’aujourd’hui et d’y participer pleinement.

Nous n’avons pas de vocables particuliers pour nous définir d’autant plus que nous nous situons sur des thématiques plutôt orthogonales. Toutefois, notre volonté d’avoir une vision intégrée et ouverte pour la Bretagne contre des logiques de fragmentation et de repli nous positionne clairement dans le camp des « modernistes ». La modernité s’est décentralisée et les territoires s’inscrivent désormais dans des dynamiques globales. C’est la raison pour laquelle nous devons construire de nouvelles institutions politiques plus adaptées en impliquant davantage les populations.

Votre think-tank est-il destiné à se présenter devant les urnes à terme, sachant qu’à un moment, au-delà des réunions, des notes et des discussions, les décisions finales passent par les urnes ?

Par définition, un think tank n’a pas pour objectif de se présenter devant les urnes. Toutefois, chacun de nous est libre individuellement de se présenter aux élections s’il le souhaite. Nous avons déjà des élus, y compris au sein de notre Bureau, et plutôt sans étiquette. D’ailleurs, nous recommandons que chacun retire sa casquette partisane avant d’échanger autour de la table …

Nos propositions seront diffusées sous forme de notes afin de faire réagir nos concitoyens mais aussi d’influencer les partis politiques existants. Nous croyons à la conversion des idées et c’est la raison pour laquelle nous proposons de nouvelles approches et solutions dans le domaine de l’innovation politique.

Nous croyons savoir que le projet séduit déjà beaucoup de monde. Pouvez-vous nous dire quelles vont être les premières actions que vous allez mener dans les prochaines semaines ?

C’est juste. Lancé au moment des fêtes de fin d’année lorsque chacun tend à privilégier les rapports familiaux, nous avons pourtant constaté un engouement immédiat y compris de personnalités appartenant à un spectre d’idées très large. L’intérêt que nous avons suscité conforte bien l’idée que la Bretagne a besoin de se projeter dans une nouvelle vision de son destin, voire même de reconsidérer profondément l’image qu’elle donne d’elle-même depuis trop longtemps.

Dans un premier temps, nous allons nous faire connaître et répondre aux attentes en nous appuyant sur des notes de cadrage que nous allons diffuser dans les semaines à venir. Nous allons surtout constituer un comité de pilotage qui définira nos premiers grands thèmes de travail. Nous entrerons alors en contact de manière plus opérationnelle avec des universitaires qui vont nous appuyer en apportant des ressources et des contacts clés. Enfin, notre objectif sera d’organiser des débats citoyens dans plusieurs villes bretonnes avant les régionales en utilisant les dernières méthodologies et les civictechs tout en privilégiant les contacts humains.

NHU Bretagne vous remercie de votre accueil et de vos réponses, et vous souhaite tout le meilleur possible pour cette aventure Breizh Civic Lab qui

Les quatre co-fondateurs de Breizh Civic Lab sont Stéphane PÉAN, Ronan KERLEO, Patrice GAUTIER et Florent-Yann LARDIC.

Stéphane PÉAN a déjà collaboré à NHU Bretagne, en particulier dans un de nos débats consacrés à NDDL, à retrouver ici :

NDDL Notre Dame des Landes 1-5

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2 commentaires

Vince3544 22 mai 2019 - 22h14

Qu’en dire ? LE DRIAN se remet avant avec ce think thank alors que DE RUGY et lui (comme d’autres) ont lâchement l^ché leurs idées contre des postes … C’est un peu, voire même beaucoup/très, lamentable !!!

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Jumela 6 octobre 2020 - 7h40

Une démarche de plus très intéressante qui alimente judicieusement la réflexion sur le droit de la Bretagne à exister en tant que Pays, Nation encore sans État, mais le fédéralisme est dans les tuyaux. On avance … Enfin ! L’intelligence collective finit toujours par progresser, à condition de ne pas céder sur son objectif, et en deçà, ne pas céder sur son désir d’exister ! Pour former davantage de personnes Breizh Civic Lab pourrait réfléchir à la mise en place de conventions citoyennes, avec tirage au sort (et droit de refuser) qui étudieraient, de proche en proche, les différentes questions d’une gouvernance juste adaptée à nos besoins.

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