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Les Verts contre le CELIB : quelle place pour l’humain chez les Verts ?

de Yvon OLLIVIER
Publié le Dernière mise à jour le

La position récente des Verts visant à faire tomber de son piédestal le CELIB doit être interrogée.
De prime abord, on a du mal à concevoir qu’un grand parti se présente en Bretagne aux élections régionales en tirant à boulet rouge sur le CELIB. Le Comité d’Études et de Liaison des Intérêts Bretons.

Le CELIB a été l’expression d’un renouveau breton.

Il a fallu que les Bretons se réunissent pour faire pression sur l’État et jeter les bases du renouveau économique, qui a abouti à l’industrialisation de notre péninsule.

Quelle Bretagne aurions-nous aujourd’hui sans les sacrifices consentis par nos Paysans pour augmenter leur productivité ? Ainsi que pour désenclaver notre pays via le plan routier breton et Brittany Ferries ?
Ne sacralisons pas le CELIB. L’émancipation bretonne s’est limitée à l’économie. L’émancipation politique et culturelle restent encore à accomplir.
Mais salir le CELIB revient à cracher au visage de nos paysans sans prendre la mesure de la situation désastreuse dans laquelle se trouvait la Bretagne dans les années 50.

C’est à l’évidence une faute politique majeure …

Mais encore faut-il comprendre les raisons d’un tel positionnement iconoclaste pour les Bretons.
Rayer d’un trait de plume les efforts d’un peuple pour survivre et mettre un terme à l’exode peut se concevoir de la part d’un parti qui se croit assuré de remporter tous les suffrages eu égard à l’urgence écologique. Mais il s’agit avant tout de l’expression de la vision mondialiste des choses propre aux Verts. La nature est univers et doit primer sur toute autre considération. Les hommes, leurs liens avec leur vieux territoire, leur culture sont des choses secondaires. Et donc subordonnées au grand tout de la nature.

Ainsi érigée au rang de totalité, la nature ne doit souffrir d’aucune atteinte humaine, toujours dangereuse par nature. L’homme est présumé prédateur. La notion de territoire habité est pour ainsi dire absente. L’homme n’est appréhendé que par la dimension sociale.

Alors pourquoi se priver de taper sur une révolte paysanne ayant largement abouti à l’agriculture intensive et hors sol que nous devons réformer aujourd’hui ?

Il est une autre manière d’appréhender l’homme. Si l’homme fait partie de la nature, son humanité doit le restituer au centre de toutes choses. Il est acquis que son activité débridée entraîne le réchauffement climatique. Mais ce sont moins les ravages de l’anthropocène au préjudice de l’environnement qui justifient la transition écologique que les risques pour la survie de l’humanité

Si l’agriculture intensive et l’appareil industriel agroalimentaire ont amené une certaine prospérité en Bretagne, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ses conséquences néfastes pour l’homme nous sautent au visage Avec la pollution, les conséquences sanitaires et sociales du modèle breton.
Encore faut-il rappeler que les Verts sont largement issus des grandes métropoles déjà mondialisées et n’ont souvent qu’une représentation purement théorique de nos campagnes et de leurs problématiques.

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Je ne me résous pas à vivre au sein d’un état nation qui a signé et ratifié la Convention européenne pour la protection des animaux domestiques, mais que ne voit toujours pas la nécessité de ratifier la Charte européenne pour les langues régionales

En raisonnant ainsi, les Verts considèrent les hommes comme quantité négligeable.

Et surtout interchangeables, comme les mondialistes libéraux. Ils ne voient pas davantage que leur écologie est tout aussi hors sol que ne l’est l’agriculture intensive.
Si les Verts plaçaient les hommes au centre de toutes choses, jamais ils ne condamneraient leurs efforts pour relever la tête et développer leur territoire.
Et si les Verts plaçaient l’homme au centre de toutes choses, ils se poseraient des questions fortes sur le système centraliste actuel au lieu de s’y complaire. Jamais Ronan DANTEC n’aurait soutenu Ayrault en 2014 dans son entreprise visant à faire disparaître la Bretagne dans le grand ouest.

En échange d’un hochet culturel pour nos cinq départements.

Si les Verts plaçaient l’humain au centre de tout, ils n’envisageraient pas de demander aussi l’avis des habitants des pays de la Loire sur la réunification de la Bretagne dans le cadre d’un référendum, comme nous l’a rappelé récemment Yves Nédellec à une assemblée de « Bretagne majeure ». La réunification de la Bretagne ne concerne directement que les habitants de nos cinq départements de Bretagne historique. Si les Verts plaçaient l’humain au centre de tout, ils analyseraient la partition imposée pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une technique administrative de contrôle de populations minoritaires, couramment employée par les Pouvoirs de type colonial.

Le souci de ménager les camarades verts des Pays de la Loire n’explique pas tout.

Je ne sais si les Verts réussiront un jour à prendre le Pouvoir. Tout ce que je sais, c’est que s’ils ne changent pas de logiciel, ils s’inscriront dans le cadre souverainiste français sans jamais le questionner, ni le réformer. Ils profiteront des largesses de ce pouvoir absolu, sous couvert de démocratie, et construiront une nouvelle chapelle fragile car dénuée de fondations solides.
La hiérarchie des valeurs, voilà ce qui compte vraiment et nous donne la vraie nature d’un Pouvoir.
En France tout est à reconstruire à partir des fondations.

Je ne me résous pas à vivre au sein d’un État nation qui a signé et ratifié la convention européenne pour la protection des animaux domestiques mais qui ne voit toujours pas la nécessité de ratifier la charte européenne pour les langues régionales ou minoritaires.
Une seule boussole : placer l’humain au centre de toutes choses.

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