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Nouvelle attaque du pouvoir central contre les langues dites « régionales »
Le Conseil d’État interdit le corse à l’Assemblé de Corse en rejetant l’appel formé par cette assemblée, confirmant une décision locale interdisant l’usage du corse dans ses délibérations.
Ce jugement relance le débat sur la place des langues originelles des peuples et nations composant l’Hexagone.
Pire encore : il révèle l’obstination de l’État central à maintenir une vision jacobine dépassée, fondée sur l’uniformité linguistique, comme au XIXe siècle.
Une décision choquante… mais pas surprenante
Rien de nouveau sous le soleil parisien. Pour l’État français, le schéma reste figé : une langue, un État, et le rejet pur et simple de toute diversité linguistique.
Ce refus n’est pas seulement idéologique. Il se traduit concrètement par des décisions de justice, comme celle-ci, qui piétinent les droits des locuteurs de langues minorisées comme le corse, le breton ou le catalan.
Vers la Cour européenne des droits de l’homme
Face à cette impasse juridique en France, l’avocat du gouvernement corse, Me Patrice Spinosi, a annoncé un recours devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH).
Certes, la CEDH n’a pas toujours été exemplaire en matière de langues minoritaires. Mais l’heure est venue de porter le débat à l’échelle européenne.
En Bretagne et en Catalogne nord, même combat
La Corse n’est pas seule.
Ainsi, en Bretagne comme en Catalogne Nord, plusieurs associations membres de l’ELEN (European Language Equality Network) doivent elles aussi multiplier les recours juridiques.
Objectif : obtenir des droits élémentaires pour le breton et le catalan, langues toujours exclues de la sphère publique.
Le conseil d’état interdit le corse à l’Assemblée de Corse, et pendant ce temps, l’Espagne avance
Ironie de l’histoire : l’Espagne, souvent décriée par la France, avance sur ce sujet.
En effet, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a récemment déclaré que « protéger et promouvoir nos langues est une obligation… une conviction profondément démocratique ».
Catalan, basque, galicien : ces langues sont aujourd’hui soutenues par l’État espagnol et en voie d’obtenir le statut officiel dans l’Union européenne.
L’État français bientôt isolée en Europe ?
Alors que le catalan et le basque deviennent potentiellement langues officielles de l’UE, le pouvoir central replié à Paris continue à refuser tout droit linguistique aux locuteurs de ces langues sur son propre territoire.
Un paradoxe criant. Et une violation manifeste du pluralisme européen.
La France restera-t-elle le dernier État monolingue d’Europe de l’Ouest ?
ELEN saisit l’ONU et lance une nouvelle campagne
En réponse, l’ELEN European Language Equality Network va déposer un nouveau recours officiel à l’ONU, en dénonçant la décision du Conseil d’État et les violations répétées de la loi Molac.
L’organisation prépare aussi une nouvelle campagne européenne, qui visera à :
- faire pression sur les États réfractaires comme la France,
- et obtenir des actions concrètes de l’Union européenne pour défendre la diversité linguistique.
Lancement prévu à Barcelone, lors de l’Assemblée générale ELEN en novembre 2025. Hashtag : #ELEN2025.
Et maintenant ?
Cette affaire soulève une question essentielle :
entendra-t-on un jour un président ou une ministre français défendre publiquement le breton, le corse ou l’occitan ?
Ou la France restera-t-elle enfermée dans son vieux mythe d’une langue, une nation, niant la richesse de son patrimoine linguistique pluriel ?
Associations mobilisées
De nombreuses organisations se mobilisent :
Òmnium Catalunya Nord, Òmnium Cultural, Kevre Breizh, Diwan, Kelennomp, Scola Corsa, Cullittivu Parlemu Corsu, Seaska, Euskalgintzaren Kontseilua, Justice pour nos langues, Collectif Pour Que Vivent Nos Langues, La Bressola, Escola Catalana, IEO 31…
Toutes exigent une chose simple : le respect des droits linguistiques fondamentaux en France, en Bretagne comme en Corse.
Le combat pour les langues minorisées de l’Hexagone est plus que jamais d’actualité.
Et il devient européen.
Face à l’immobilisme français, l’espoir viendra peut-être d’Europe, voire de l’ONU.
Mais le cœur de la bataille reste ici, en Bretagne, en Corse, en Occitanie, en Catalogne Nord.
Et il ne fait que commencer.
Le Conseil d’État interdit le corse à l’Assemblé de Corse, comme le ministère français de l’Éducation interdit le breton pour l’épreuve de mathématiques du baccalauréat des écoles … bilingues !!
1 commentaire
La réussite du « projet français » impliquait l’éradication de nos langues et de nos cultures, c’est-à-dire la disparition de nos peuples. Aujourd’hui que cette politique ethnocidaire multiséculaire menée avec patience, ténacité et beaucoup d’hypocrisie semble sur le point d’aboutir, il est clair que l’état français n’a plus aucun intérêt à changer de cap. Seul un soulèvement démocratique pourrait encore inverser le cours des choses en remettant l’état à sa juste place, celle d’un outil au service des peuples et non celle d’un maitre absolu. Mais quand on voit qu’une mascarade schtroumpfienne attire plus de monde qu’une manifestation de soutien à Diwan on ne peut qu’être sceptique sur la capacité du peuple breton à reprendre le contrôle de son avenir?