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Politique linguistique de la région Bretagne : sortir du « grand mensonge »
Sommes-nous des illuminés à relever le fait qu’avec 3% ou 4 % d’enfants scolarisés en filière bilingue bretonne, et un taux de progression insignifiant malgré l’ouverture de filières, la politique linguistique que mène la région Bretagne administrative est une catastrophe depuis plusieurs années ?
Ou alors est-ce la région et tous ceux qui ont été amenés à collaborer avec elle pour un résultat aussi mauvais, qui pratiquent ce que j’appellerais le « grand mensonge » consistant à soutenir que tout va pour le mieux alors que le bateau coule ?
Non, nous ne sommes pas quelques « illuminés » et les yeux s’ouvrent un peu partout.
Au pays basque nord, ils en sont à 41 % (50% en maternelle) d’enfants scolarisés en filières bilingues et ils pratiquent même largement l’immersion. Pour évaluer une politique linguistique, il ne faut pas se contenter de belles paroles sur le nombre d’ouverture de filières, il suffit de regarder les chiffres essentiels et de faire toute comparaison utile.
Sans même qu’il soit utile de faire une véritable évaluation de la politique linguistique – ce que nous demandons depuis des années avec Bretagne Majeure et que la région ne cesse de refuser et on comprend bien pourquoi – observons le nombre dérisoire de bacheliers qui sortent du lycée en capacité de maîtriser la langue bretonne chaque année.
Ils sont aux alentours de 200 !
Il n’y a pas de continuité éducative. Regardons le temps qu’il nous faudra pour rattraper le niveau des Basques du nord avec le taux de progression insignifiant du nombre d’élèves scolarisés que nous connaissons ces dernières années. Ce taux de progression est en chute régulière depuis 2003 (de 10% par an en 2003 à 0,89 % en 2021).
A Bretagne Majeure, nous avons calculé qu’il faudra cent cinquante ans pour rejoindre le niveau des Basques du nord.
Alors de qui se moque-t-on lorsque l’on nous dit que tout va bien et que les outils sont en place ?
Loïg Chesnais-Girard, qui incarne ce refus de mener une politique décente, a une lourde responsabilité.
Quant on veut sauver une langue malgré l’État central, on ne collabore pas avec M. le recteur. Alors qu’en sous mains, il fait son possible pour multiplier les filières franco-anglaises au développement exponentiel, là où l’enseignement du breton pourrait croître.
Non, on lance une épreuve de force, et on refuse de signer avec l’État toute convention qui ne serait pas chiffrée et qui ne comporterait pas des objectifs et moyens dignes et ambitieux.
Puis on réfléchit à la mise en place des filières plurilingues qui permettront de généraliser l’enseignement de nos langues. Enfin, on prend à bras le corps la question de la formation des enseignants.
C’est maintenant qu’il faut réagir.
La politique linguistique pour Mr Chesnais Girard et le système PS, c’est de nous faire croire que tout va pour le mieux. Tout en recourant au bon vieux clientélisme, en recrutant de belles personnalités culturelles ou politiques bretonnes qui viendront utilement leur donner la couleur régionaliste qu’ils n’ont pas.
Et ça marche.
Pour se dispenser de mener une vraie politique, il suffit de recruter habilement. Inutile de préciser que nous portons tous une forte responsabilité dans cet échec majeur pour la Bretagne et ce manque criant d’ambition, à force de se laisser circonvenir de la sorte. La politique menée par Chesnais-Girard est une aubaine pour M. le Préfet car ce sont les Bretons qui prennent en charge l’éradication de leurs langues.
Pour que cela change vraiment…
Et que la région Bretagne soit forcée de changer de cap, il suffirait que l’ensemble des Bretons renoncent à cautionner l’inaction actuelle.
Il suffirait que les grands élus, dont Paul Molac et Christian Troadec en tête, mettent leur démission dans la balance et que personne d’autre ne songe à les remplacer à leur poste. Il suffirait encore que le mouvement culturel breton se désolidarise clairement de cette politique en échec, et nous verrions alors Chesnais-Girard revoir immédiatement sa copie.
Alors quel budget la région consacrera-t-elle à nos langues ?
Le triplement du budget comme nous le sollicitions dans le « plan Marshall » des langues ? Ce serait un moindre mal. La Bretagne dépense près de 8 millions d’euros par an lorsque le Pays de Galles y consacrait récemment une enveloppe de 167 millions de livres (196 millions d’euros).
Que dire de plus ?
Alors M. Chesnais-Girard, puisque c’est vous qui détenez la compétence institutionnelle, ne serait-il pas temps de lancer enfin ce grand chantier du statut particulier pour la Bretagne que nous attendons depuis si longtemps ? A ce moment-là peut-être, votre « régionalisme » voudra dire quelque chose.
Et surtout, mettez un terme « au grand mensonge ».
On se grandit toujours à reconnaître la vérité, surtout lorsqu’elle est connue de tous.
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167 millions de £ font 197 millions €