Sommaire
D’abord, qu’est-ce que le Conseil Culturel de Bretagne ?
C’est en 1977 qu’est créé le CCB pour Conseil Culturel de Bretagne, dans le cadre de la Charte Culturelle Bretonne. Les années 70 sont bouillonnantes en Bretagne. Tant d’un point de vue culturel qu’au niveau des conflits sociaux. C’est aussi les années du FLB Front de Libération de la Bretagne. La Bretagne explose de partout et le pouvoir central propose cette Charte Culturelle Bretonne pour essayer de calmer les esprits.
A sa création, le Conseil Culturel de Bretagne / Kuzul Sevenadurel Breizh est signé par l’État central, la région Bretagne administrant quatre des cinq départements bretons, et les cinq départements de Bretagne : Loire Atlantique, Côtes d’Armor, Morbihan, Ille et Vilaine et Penn ar Bed (Finistère)
Quel était le rôle du Conseil Culturel de Bretagne … canal historique ?
La Charte Culturelle Bretonne de 1977 donnait au tout nouveau Conseil Culturel de Bretagne mission d’impulser et de coordonner des projets culturels en associant les associations. Financièrement, l’État central et l’administration régionale vassale se partageaient les frais à égalité.
Ces projets tournaient autour de la langue et de la culture bretonne, du patrimoine et de la diffusion radio et télévision. L’attentat du Roc’h Tredudon en début 1974 a signifié au pouvoir central, une fois de plus, que les Bretonnes et les Bretons souhaitent des moyens audiovisuels autonomes.
Attention à ne pas confondre Institut Culturel de Bretagne et Conseil Culturel de Bretagne !
Le Conseil Culturel de Bretagne perd son autonomie relative en 2009.
A son origine, le Conseil Culturel de Bretagne était composé de soixante et un membres dont :
-15 représentants pour les cinq conseils départementaux de Bretagne.
– 28 représentants
– 6 représentants du Conseil régional de Bretagne administrative.
– 3 représentants du CES Conseil Économique et Social de la région Bretagne administrative.
– et 9 représentants des villes bretonnes de plus de trente mille habitants : Nantes / Naoned, Saint Nazaire / Sant Nazer, Rennes / Roazhon, Brest, Kemper, Lorient / An Oriant, Vannes / Gwened, Saint Malo / Sant Maloù, Saint Brieuc / Sant Brieg.
En 2009, sous l’impulsion de Jean Yves Le Driant, le Conseil Culturel de Bretagne évolue progressivement pour devenir « un organisme consultatif de coordination et de représentation des associations culturelles bretonnes ».
Ainsi, plus de cinquante fédérations et associations culturelles bretonnes sont représentées au Conseil Culturel de Bretagne post 2009, et encore aujourd’hui. Ces fédérations et associations culturelles bretonnes représentent quelques dizaines de milliers de personnes, oeuvrant quotidiennement pour la langue, la musique et la danse, et le patrimoine.
Aujourd’hui, le Conseil Culturel de Bretagne n’est plus qu’une assemblée consultative.
Pour « toutes les questions traitant de l’identité culturelle de la Bretagne« , la présidence de la Région Bretagne administrative doit consulter le Conseil Culturel de Bretagne.
Parallèlement au Conseil Culturel de Bretagne, et pour « conserver une indépendance vis-à-vis des institutions publiques » (il n’est donc pas indépendant ?), il a été créé Kevre Breizh, une Coordination culturelle associative pour regrouper les associations et autres organisations culturelles bretonnes.
Comment est organisé le Conseil Culturel de Bretagne ?
Le CCB Conseil Culturel de Bretagne est divisé, d’un point de vue organisationnel, en quatre collèges :
– Création et pratiques artistiques
– Langues : le brezhoneg et le gallo
– Patrimoine et territoire
– Universités et recherche
Chaque collège admet diverses associations qui bénéficient toutes de subventions.
Les présidences du Conseil Culturel de Bretagne.
La présidence du Conseil Culturel de Bretagne s’étale sur trois années. Les dernières personnalités qui ont occupé le poste de présidence du Conseil Culturel de Bretagne sont :
– Paul Molac de 2009 à 2012.
– Jean Bernard Vighetti de 2013 à 2016.
– Bernez Rouz pour deux mandats, de 2017 à 2023.
En 2023, c’est Rozenn Milin qui succède à Bernez Rouz.
… et à partir de là, tout dérape !
Pour de multiples raisons, Rozenn Milin démissionne après une année d’exercice.
Rozenn Milin
Rozenn Milin avait été très largement élue le 14 Janvier 2023 sur un programme clair et ambitieux : « faire du conseil culturel autre chose qu’une chambre d’enregistrement des délibérations adoptées par le conseil régional et renforcer sa capacité à faire des propositions et à produire des études« .
Elle indiquait par ailleurs ses priorités : « la défense de la diversité des langues régionales, le développement de la création culturelle bretonne et un meilleur financement de la culture bretonne . Même si le rôle du Conseil Culturel de Bretagne n’est pas exécutif, nous nous battrons pour aider la Région à faire avancer ces dossiers«
Cette vision, trop dynamique pour certains, trouvera vite l’opposition des tenants d’un statu-quo.
Pour le « pouvoir » régional en place, le Conseil Culturel de Bretagne n’est qu’un faire-valoir, une caution, « une chambre d’enregistrement des délibérations adoptées par le conseil régional« .
Le Conseil Culturel de Bretagne est sous tutelle.
Le pouvoir central et ses SAV zélés en Bretagne veillent à ce que la langue bretonne, la culture bretonne et le patrimoine de la Bretagne restent bien sous leur contrôle.
Pour garder tout ce petit monde dans la boîte, on a rien inventé de mieux, en région Bretagne administrative comme ailleurs, que la distribution généralisée de menues monnaies. Du temps des lointaines colonies, cela s’appelait de la « verroterie ». Aujourd’hui, ce sont des subventions.
Cette nouvelle présidente du Conseil Culturel de Bretagne, hors ses qualités et défauts par ailleurs, avait un désir d’indépendance affiché qui ne correspondait pas à la torpeur servile de celles et ceux qui tiennent depuis trop longtemps les rênes, et les cordons de la bourse, de l’administration régionale. Cette administration, son président socialiste Loïg Chesnais-Girard en tête, qui obéit aux directives de l’état central.
Jouez du biniou et dansez la gavotte chez vous, baragouinez ce que vous voulez; mais ne vous mêlez pas de politique.
Loïg Chesnais-Girard distribue chaque début d’année les chèques, et pour avoir le sien, il vaut mieux rester dans la boîte
Le Parti Socialiste vient d’anesthésier le Conseil Culturel de Bretagne
Le nouveau président du Conseil Culturel de Bretagne est Ronan Coignard, maire socialiste de Concordet / Konkored, élu difficilement avec 29 voix sur les 70. Les présidences des commissions sont également des membres ou proches du Parti Socialiste.
Pour rappel, l’actuel affable président de la région Bretagne administrative est aussi un socialiste, de plus macronpatible.
Ce n’est pas le fait que ces personnes soient socialistes qui dérange. C’est le fait que ces socialistes ont déjà prouvé, à maintes reprises, globalement (il y a quelques exceptions) leur mépris de la culture bretonne (sauf six mois avant les élections).
Le Parti Socialiste est comme Loïg Chesnais-Girard, tendance « jacobin modéré »
Loïg Chesnais-Girard, le président socialiste administrant quatre des cinq départements bretons, élu aux dernières élections régionales par 10,45% des inscrits, n’est que le vassal du pouvoir central, qui lui décide de tout.
Pour les langues de Bretagne, malgré des effets de manche et une communication volubile, le « pouvoir » régional (qui n’en a aucun, de pouvoir) ne propose que des soins palliatifs. Certaines associations, dont quelques-unes membres du Conseil Culturel de Bretagne, osent parfois s’en plaindre, plutôt timidement. Mais globalement, personne n’ose vraiment se rebeller : la subvention est comme une épée de Damoclés.
Tu ne mors jamais la main qui te nourrit !
Finalement, le Conseil Culturel de Bretagne d’avant 2024 ne servait objectivement pas à grand chose.
Le CCSB Conseil Culturel Socialiste de Bretagne ne sera que l’ombre de son ombre, totalement inféodé au bon vouloir d’une équipe de jacobins modérés, sous contrôle du pouvoir central.
Remarque
Le Conseil Culturel de Bretagne est tellement réduit à rien pour Loïg Chesnais-Girard et son équipe, qu’il ne dispose pas officiellement de son propre site internet ni d’aucune présence sur les réseaux sociaux. Ne pas sortir de la boîte …