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La « conspiration » du Marquis de Pontcallec : « conspiration » pour qui ?
Aujourd’hui, plongeons dans l’Histoire de Bretagne.
Plus précisément, intéressons-nous à un héros trop méconnu. Le Marquis de Pontcallec incarne une figure emblématique dans l’Histoire nationale de la Bretagne.
Pourtant, le pouvoir central l’a effacé de son roman national.
Alors, qui était cet homme ?
Pourquoi mérite-t-il notre attention ?
Découvrons ensemble son parcours, ses combats et son héritage pour les Bretonnes et les Bretons d’aujourd’hui.
Un noble breton face à l’oppression
Clément Chrysogone de Guer, Marquis de Pontcallec, naît en 1679 à Rennes / Roazhon.
Issu d’une famille noble, il vit près du Faouët / Ar Faouëd. Rapidement, il se distingue par son caractère. Certains le décrivent comme autoritaire, voire violent. Cependant, d’autres voient en lui un protecteur de son peuple. En effet, il s’oppose aux nouvelles taxes imposées par le Régent français Philippe d’Orléans.
À cette époque, la Bretagne souffre énormément.
Après la mort de Louis XIV en 1715, la France est endettée et le proclamé « roi soleil » a totalement ruiné l’économie de la Bretagne.
Par conséquent, le Régent impose des impôts supplémentaires. Ces taxes écrasent une Bretagne déjà exsangue. De plus, elles sont perçues sans l’accord des États de Bretagne. Ainsi, le mécontentement grandit.
Pontcallec, malgré sa situation financière précaire, agit. Bien qu’il ne paie pas d’impôts lui-même, il défend ses paysans. Effectivement, il perçoit leur désespoir face à cette injustice. Contrairement à l’image d’un noble détaché, il choisit de se battre.
La « conspiration » de Pontcallec : un acte de résistance bretonne.
En 1718, la révolte s’organise.
D’abord, un « Acte d’union pour la défense des libertés de la Bretagne » est signé. Environ 500 nobles bretons s’y rallient. Parmi eux, Pontcallec émerge comme un leader. Ensuite, il tente de fédérer une petite armée. Malheureusement, seuls seize gentilshommes le suivent réellement.
Par ailleurs, il sollicite l’aide de l’Espagne. À ce moment-là, Philippe V d’Espagne complote aussi contre le Régent français. Cependant, l’Espagne fera malheureusement défection. Sans soutien extérieur, le projet s’effondre rapidement. Avant même un début de lutte armée, les conjurés sont trahis.
En 1720, Pontcallec et trois de ses fidèles compagnons sont arrêtés. Jugés à Nantes / Naoned dans le sud du pays, ils sont condamnés à mort. Le 26 mars, ils sont décapités à la hache place du Bouffay en public. Cette exécution choque profondément les Bretons.
Malgré l’échec, Pontkalleg entre dans la légende.
Un symbole d’indépendance bretonne
Pourquoi Pontcallec est-il un héros en Bretagne ?
Tout d’abord, il incarne la résistance face à l’absolutisme du pouvoir central qui administre la Bretagne depuis son annexion de 1532. Effectivement, il s’oppose à un pouvoir central oppressif. En outre, il défend les libertés historiques de la Bretagne. Pour beaucoup, il représente un espoir d’indépendance.
De plus, sa mort tragique renforce son statut. Après son exécution dans la déjà plus grande ville de Bretagne, une complainte naît : Marv Pontkalleg. Recueillie dans le Barzaz Breiz, elle célèbre un marquis « jeune, beau et plein de cœur ». Par la suite, des artistes comme Alan Stivell ou Tri Yann reprennent cette gwerz
Ainsi, la mémoire de Pontcallec perdure dans la culture bretonne.
Cependant, le pouvoir central minimise son rôle.
Dans le roman national français, il est réduit à un comploteur raté. Pourtant, pour les Bretons, il est bien plus. Effectivement, il symbolise une lutte pour la souveraineté bretonne, et de fait, on comprend bien son « oubli » dans les écoles et les livres distillant le roman national français.
Conspiration ou Résistance ?
Le pouvoir central d’alors, déjà parisiano-centré, comme celui d’aujourd’hui encore, a déclaré pour son roman national que la Marquis de Pontkalleg avait « conspiré ». En effet, on parle souvent de la « conspiration » de Pontcallec.
Mais du côté breton, le Marquis de Pontkalleg ne conspirait pas, il résistait.
En Bretagne, nous devons réfuter cette expression de « conspiration de Pontcallec » pour lui préférer celle de Résistance de Pontkalleg.
Un héros breton effacé par le roman national
Pourquoi Pontcallec est-il si peu connu, même en Bretagne ?
D’abord, le pouvoir central l’a volontairement « oublié ». En effet, la France absolutiste ne pouvait tolérer un symbole de rébellion. Par ailleurs, les livres d’histoire officiels le mentionnent à peine. Au mieux, il est présenté comme un noble désargenté et brouillon.
De surcroît, la « conspiration » est mal comprise. Souvent, elle est associée à celle de Cellamare, visant à renverser le Régent pour Philippe V d’Espagne. Toutefois, les liens entre les deux restent flous. En réalité, Pontcallec se battait avant tout pour la Bretagne et les droits de son peuple.
En revanche, la mémoire bretonne le célèbre.
Par exemple, des plaques commémoratives existent, comme celle posée par le premier Koun Breizh en 1979. De plus, des romans historiques, comme celui de Raoul de Navery aux Éditions Yoran Embanner le font revivre. Ainsi, il reste un héros pour beaucoup de Bretonnes et de Bretons.
Redonner sa place à Pontkalleg
Aujourd’hui, il est temps de réhabiliter Pontcallec.
Premièrement, les Bretons doivent connaître leur Histoire. En effet, elle est riche en figures inspirantes. Deuxièmement, Pontcallec rappelle l’importance de défendre ses droits. Face à un pouvoir central oppressif, il a osé se lever.
Par ailleurs, son histoire résonne encore. Actuellement, beaucoup aspirent à plus d’autonomie pour la Bretagne. Pontcallec incarne cette aspiration. Par conséquent, le faire découvrir, c’est raviver un esprit de résistance.
Enfin, il faut dépasser la vision française de l’Histoire. Trop souvent, elle ignore les héros des autres nations et peuples de l’Hexagone. Pourtant, la Bretagne a ses propres martyrs. Pontcallec en est un. Alors, partageons son histoire.
Un héritage à transmettre
Pour conclure, le Marquis de Pontcallec mérite d’être célébré. Bien sûr, il n’était pas parfait. Cependant, il a donné sa vie pour la Bretagne. En cela, il est un héros national.
Désormais, à nous de transmettre son histoire. Par exemple, parlons-en dans nos écoles. De plus, organisons des commémorations, comme pour le tricentenaire de sa mort en 2020. Enfin, continuons à chanter Marv Pontkalleg.
Ainsi, Pontcallec ne sera plus un oublié de l’histoire. Au contraire, il deviendra une source d’inspiration. Pour les Bretonnes et les Bretons, il est un rappel.
Défendre ses libertés, c’est un combat intemporel, en Bretagne comme partout dans le monde.
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Retrouvez aussi le Marquis de Pontkalleg dans « Un soulèvement anti-fiscal » de l’indispensable ouvrage La Grande Histoire de la Bretagne, de Jean Jacques Monnier aux Éditions Breizh Odyssée.
