bezen perrot collabos bretons

Bezen Perrot, des collabos bretons plus visibles que les collabos français ?

de NHU Bretagne

La Bezen Perrot, une petite unité pro-nazie en Bretagne

Pendant la Seconde Guerre mondiale, une petite unité militaire bretonne collabore activement avec l’occupant nazi.
Son nom : la Bezen Perrot.
Créée en 1943, elle tire son nom de l’abbé Jean-Marie Perrot, figure catholique bretonne assassinée le 12 Décembre 1943 par la Résistance communiste. Cette formation regroupera au plus environ 70 à 80 militants bretons, souvent issus des milieux nationalistes.

L’objectif de la Bezen Perrot ?
Lutter contre les résistants français et défendre l’idée d’une Bretagne indépendante, dans le contexte trouble d’une Europe dominée par le IIIe Reich. Elle opère dans le cadre de la Waffen-SS, et ses membres participent à des arrestations et des interrogatoires musclés en lien avec la Gestapo et les forces allemandes.

Une collaboration réelle, mais ultra-minoritaire

Oui, cette collaboration avec les nazis a existé en Bretagne. Et oui, certains Bretons ont fait le choix du camp de l’occupant. Mais ils furent ultra-minoritaires. À peine une centaine d’hommes au total sur des millions de Bretonnes et de Bretons. La Bezen Perrot reste un phénomène marginal et isolé.

En parallèle, des milliers de Bretons se sont engagés dans la Résistance, souvent dans des réseaux très actifs. Beaucoup ont payé de leur vie leur combat contre le nazisme. D’autres ont rejoint la France libre du général De Gaulle, ou ont œuvré dans l’ombre pour aider des Juifs ou des réfractaires au STO.

collabos bretons
Oui les Bretons ont collaboré … avec le Général de Gaulle, contre le pouvoir central collabo pro-nazi de Pétain, de sa police, de ses ministres … tous drappés dans une banderole tricolore

L’État français : une collaboration de masse

Pendant ce temps, l’État français de Vichy, dirigé par le maréchal Pétain, collabore massivement avec le régime nazi.
Et ce, avec zèle.

  • Police française, notamment la préfecture de police de Paris : arrestations de résistants, de communistes, de Juifs.
  • Fonctionnaires : organisation administrative de la déportation.
  • Miliciens français : répression brutale dans tout l’Hexagone.
  • Réseaux de dénonciation : souvent citoyens français contre leurs voisins.

Au total, plus de 76 000 Juifs déportés depuis la France, avec l’aide active de l’administration française. Des centaines de milliers de lettres de dénonciation. Et des rafles menées par des Français contre d’autres Français. Des tortures, des déportations …

Pourquoi pointer toujours la Bezen Perrot ?

Alors pourquoi, aujourd’hui encore, certains milieux politiques ou médiatiques français s’acharnent-ils à rappeler la Bezen Perrot, dès qu’on parle de nationalisme breton ?

Parce que cela les arrange. Mettre en avant ces 80 collabos bretons permet :

  1. De disqualifier toute revendication bretonne actuelle en la ramenant à une prétendue origine nazie.
  2. De détourner l’attention des responsabilités françaises majeures dans la Shoah.
  3. De créer une confusion malsaine entre défense de la culture bretonne et collaboration.

Autrement dit : « Vous les Bretons, vous avez collaboré avec les nazis, alors taisez-vous. » Un procédé malhonnête, et profondément injuste.

Une manipulation politique française ?

Le rappel obsessionnel de la Bezen Perrot sert souvent de levier idéologique contre le mouvement breton.
Certains nationalistes français, encore aujourd’hui, instrumentalisent cette histoire pour justifier la centralisation et nier les droits des peuples minorisés.

Or, l’histoire est plus complexe. De nombreux militants bretons, notamment de gauche ou chrétiens démocrates, se sont opposés au nazisme. Certains ont même été déportés ou exécutés. Mais ceux-là, l’histoire officielle les oublie volontiers.

Une mémoire sélective

Le traitement médiatique de la collaboration en France reste souvent à géométrie variable. Les 80 hommes de la Bezen Perrot sont systématiquement mentionnés, y compris dans des émissions de grande écoute. Mais le rôle de la police française dans la rafle du Vél d’Hiv ? Moins souvent.

Les tortures infligées par la Milice ? Rarement évoquées. Les massacres de résistants bretons par des Français collaborateurs ?
Passés sous silence.

bezen perrot collabos bretons
bezen perrot collabos bretons

Une jeunesse bretonne non coupable

Nous sommes aujourd’hui au XXIe siècle. Les faits de la Seconde Guerre mondiale remontent à plus de 80 ans. Aucun des jeunes Bretons d’aujourd’hui n’est responsable des actions de la Bezen Perrot.

De même, les jeunes Français d’aujourd’hui ne sont pas coupables des crimes de Vichy. Il est temps de cesser les amalgames, les culpabilisations collectives, et de regarder l’Histoire en face, dans toute sa complexité.

Assumer toute notre Histoire

À NHU Bretagne, nous refusons la mémoire tronquée. Nous assumons toute notre Histoire, même ses pages les plus sombres. Mais nous exigeons que chacun en fasse autant. Y compris l’État français, dont les responsabilités dans la collaboration ont été longtemps minimisées.

Il n’est pas question de minimiser la collaboration de la Bezen Perrot.
Mais il est légitime de la remettre en perspective, par rapport à l’ampleur de la collaboration d’État menée par Vichy, avec la participation de nombreux Français.

Sortir des caricatures

Le débat sur la collaboration ne doit plus servir à diaboliser les mouvements bretons. L’Histoire ne peut pas être utilisée comme une arme politique pour faire taire ceux qui défendent leur langue, leur culture, ou leur autonomie.

Le combat pour la Bretagne d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui de quelques radicaux des années 1940.
Il s’inscrit dans une démarche démocratique, pacifique, et tournée vers l’avenir.
Et cela, les faiseurs de peur devront bien finir par l’accepter.

Soutenez votre média breton !

Nous sommes indépendants, également grâce à vos dons.

A lire également

4 commentaires

Christian 23 mai 2025 - 10h37

Il y a eu aussi les cadres du Parti National Breton dont l’adhésion au fascisme assumé avant et pendant la guerre a coûté cher au régionalisme Breton alors que eux aussi étaient minoritaires et que les jeunes du PNB sont partis massivement du côté de la Résistance.

Répondre
Mael 23 mai 2025 - 11h26

Vous avez confondu Emsav et Bretons. L’Emsav est une ultra minorité des Bretons, peu représentative, et ce qui est encore en activé et autorisé par les autorités allemandes en 39/45 a très massivement collaboré.

Mais à côté de ça, il y a eu la collaboration des Bretons lambda. Miliciens, anti-communistes, phalangiste, fascistes, opportunistes, etc. On ne parle jamais de ceux là car toute la lumière est tombée sur le PNB et consorts, mais ces collabos classiques ont bien entendu existé en Bretagne comme en France occupée.

Dernier point, la Bretagne étant en zone occupée, il n’y a pas eu l’équivalent de la collaboration d’état de la France de Vichy. Si la Bretagne était restée en zone libre, les chiffres aurait été bien plus conséquents (et la Bezen Perrot n’aurait jamais existé)

Répondre
Dominique David 23 mai 2025 - 19h10

Reconnaître un péché pour s’absoudre des autres : la ficelle est un peu grosse.
Bezen Perrot n’a pas été la seule forme de collaboration.
Ce qui est ennuyeux, c’est que des figures comme Morvan Marchal (Gwenn-ha-du) et Roparz Hémon (breton KLTG) ont été condamnés à la libération et, à ma connaissance, ils n’étaient pas membres de Bezen Perrot.
Il y eu d’autres formes de collaborations.
Mais, effectivement, la collaboration était minoritaire en Bretagne et ne doit pas faire oublier le rôle de la majorité des bretons dans la résistance (cf. Ile de Sein)

Répondre
Jean 26 mai 2025 - 8h02

Bonjour. Je rejoins certains aspects des commentaires précédents. La naissance du Bezen Perrot me semble surtout venir du refus par les Allemands de la « Légion française des combattants » en zone occupée. Sinon, c’est bien la collaboration française qui se serait imposée en Bretagne. On note des similitudes entre l’évolution « PNB/Bagadou Stourm/Bezen Perrot » et celle de « Légion Française des combattants/Service d’Ordre Légionnaire/Milice/Franc Garde ». Des similitudes qui se retrouvent également dans le rejet par la population, les difficultés de recrutement, les exactions banales avant le passage au stade criminel. Je pense que l’accent mis sur le sujet par certains répond à une réelle expression autonome bretonne en la diabolisant (en 2023 un certain B. Morel brandissait le spectre du séparatisme régional de façon irrationnelle, en commençant dès le début par rappeler la collaboration des autonomistes bretons). Cela permet aussi de mettre un peu à l’ombre le sujet des collaborateurs français, qui furent aussi nombreux que les résistants, n’en déplaise au mythe résistancialiste.

Répondre

Une question ? Un commentaire ?

Recevez chaque mois toute l’actu bretonne !

Toute l’actu indépendante et citoyenne de la Bretagne directement dans votre boîte e-mail.

… et suivez-nous sur les réseaux sociaux :

Notre mission

NHU veut faire savoir à toutes et tous – en Bretagne, en Europe, et dans le reste du monde – que la Bretagne est forte, belle, puissante, active, inventive, positive, sportive, musicienne…  différente mais tellement ouverte sur le monde et aux autres.

Participez

Comment ? en devenant rédacteur ou rédactrice pour le site.
 
NHU Bretagne est une plateforme participative. Elle est donc la vôtre.