Je suis Breton : Christian GUILLEMOT et Ubisoft

1,1K

Ubisoft, vous connaissez : Splinter Cell, Prince of Persia, King Kong, Rayman, Myst …

Derrière ces hits mondiaux du jeu vidéo, on retrouve la société Ubisoft. Une multinationale bretonne créée en 1986 à Carentoir, dans le Morbihan, par les cinq frères GUILLEMOT. Dont Claude, Michel, Gérard, Yves et Christian. Avant Ubisoft, la fratrie avait lancé en 1984, Guillemot Informatique. Il s’agissait d’une société dont le but était de faire entrer l’ordinateur dans les us et coutumes des entreprises locales.

Flairant le futur boom des jeux sur PC, Claude et Michel fondèrent ensuite Guillemot Internationale Software. Société qui connaîtra un succès fulgurant en important des jeux du Royaume Uni.

Christian, le benjamin, explique :
« la proximité géographique de la Bretagne et de la Grande Bretagne a été un élément déterminant dans le développement du groupe dans les années 1980. Nous étions plus rapides que nos concurrents parisiens dans l’approvisionnement. Un jeu qui sortait chez un éditeur anglais avant seize heures était à Porthmouth avant vingt deux heures. Puis à Saint Malo le lendemain matin vers huit heures et à Carentoir vers dix heures. Le port de Saint Malo et la Brittany Ferries ont certainement été pour nous, au départ, des éléments clés de notre développement ».

 

De l’importation, ils passent à la création avec Ubisoft.

La société dirigée par Yves, est aujourd’hui le numéro quatre mondial du jeu vidéo. Elle emploie quatre mille personnes. Mais n’est qu’une des cinq sociétés gérées par les frères GUILLEMOT. Parmi les fleurons de ces entreprises, on trouve Gameloft. Avec deux mille six cent personnes. Et qui est à la seconde place mondiale du jeu pour téléphones portables et vient d’obtenir la première place européenne des entreprises de plus forte croissance. Gameloft est dirigée par Michel depuis Londres. Guillemot Corporation, basée à Carentoir et à Rennes, est dirigée par Claude.

Après des années difficiles entre 2002 et 2004, l’entreprise connaît un nouvel essor et annonçait une croissance de 70% de son chiffre d’affaires dès 2006. Les autres sièges sociaux des entités de la fratrie sont situés à New York pour Longtail Studios Inc. dirigée par Gérard. Et à Londres pour Advanced Mobile Applications Ltd. dirigée par Christian.

Ce dernier, né à Malestroit le 10 Février 1966

Maintenant installé dans la capitale britannique avec sa femme et leurs cinq enfants. Il veille à la destinée d’Advanced Mobile Applications Ltd. depuis Londres et préside également Guillemot Brothers S.A., la holding familiale toujours basée à Carentoir.
« Chaque frère a cependant une fonction directe dans toutes les autres sociétés, fait partie du Conseil d’Administration et est actionnaire à parts égales dans toutes les sociétés. Nous avons aussi chacun des rémunérations identiques » précise Christian GUILLEMOT.

Pour lui, qui dit préférer le système pragmatique anglais au système idéologique français, cet axe britannique est une histoire de longue date. Après ses études secondaires au Lycée de Redon, il a en effet passé son baccalauréat  au Lycées français de Londres et intégré l’European Business School à la suite d’une prépa HEC.

Le Channel, simple à traverser …

Après tout, les Bretons ne sont-ils pas arrivés de « l’île de Bretagne » en Armorique entre le quatrième et cinquième siècle après Jésus-Christ ? Il est bien naturel que d’autres Breton repartent maintenant à l’assaut de « leur » île, sans aucune intention belliqueuse bien sûr, mais la City est une place économique incontournable. Et à vol d’oiseau, elle n’est pas plus éloignée de Brest que ne l’est la Bourse de Paris …

C’est donc de Londres que Christian va accompagner l’introduction sur le marché britannique de la jeune société qu’il préside.
« Entre 1996 et 2001, nous avons dû créer une centaine de nouvelles sociétés. Mon rôle principal dans le groupe a ensuite été d’orchestrer les cotations en bourse d’Ubisoft en 1996, de Guillemot en 1998 et de Gameloft en 2000. Puis celle de Advanced Mobile Applications Ltd. créée en 2004. ».

 

L’ouverture sur l’étranger est une idée qui remonte à loin chez les GUILLEMOT.

En effet, chaque fois qu’un des frères atteignait l’âge de seize ans, il partait faire un tour d’Europe en moto avec l’un de ses aînés. « Beaucoup de parents auraient été effrayés » raconte Christian. « Les nôtres trouvaient que c’était formateur« . Et pour affirmer encore cet atavisme voyageur, le cursus du benjamin de la famille se complètera, sous l’égide de l’European Business School de Londres, d’une année passée en Espagne, d’une autre en Allemagne et de deux ans à Bruxelles.

Ubisoft et la mondialisation.

Cette approche multiculturelle du monde des affaires forgera sa vision du commerce international.

« Nous avons toujours vu la mondialisation comme une chance incroyable de pouvoir vendre nos produits dans le monde entier. Entre les différentes sociétés du groupe, je pense que nous vendons désormais dans quatre-vingt pays. C’est à la fois plus difficile que de ne vendre que localement. Car les concurrents sont en général américains et très gros, mais c’est aussi souvent plus juste par rapport à la qualité du produit. Si ce dernier est innovant et bon, il se vendra dans le plupart des pays« .

Les racines bretonnes …

Un esprit conquérant qui n’empêche pas Christian de vénérer Alan STIVELL ou Denez PRIGENT, qu’il considère comme deux personnages mythiques. Ni de lire le Barzaz Breiz dans le but de mieux appréhender ses racines. Au départ, curieux de son homonymie avec Pierre GUILLEMOT, l’un des chefs de l’insurrection bretonne des années 1790, connu aussi sous le nom de Bignan, il se plonge dans l’Histoire de Bretagne, y découvre une richesse qu’il ignorait jusque-là. Des perspectives s’ouvrent alors : l’ancien et le nouveau monde pourraient biens e rejoindre.

Actuellement membre de l’association qui aide à la reconstruction de la maison de Pierre GUILLEMOT afin d’en faire un musée, Christian s’intéresse également à une nouvelle vision politique pour son pays d’origine. « J’ai adhéré au Parti Breton parce que c’est un parti qui regroupe des membres de toutes sensibilités idéologiques dont le seul but est de veiller à ce que la Bretagne ait le futur politique, économique et social qu’il mérite« .

Hag ar brezhoneg.

Après avoir appris l’anglais, l’allemand et l’espagnol, il s’est lancé dans le breton avec l’aide de Lena LOUARN et de Skol an Emsav. Le chef d’entreprise ne ménage pas sa peine pour mieux comprendre son vieux pays. Mais il sait ce qu’il fait et aime à la répéter : « Il y a une magnifique énergie entrepreunariale en Bretagne. Il faut l’utiliser au mieux ».
Hennezh a oar diouzh petra e kaoz !
(Celui-là sait de quoi il parle !)

UBISOFT ? UBI Comme Union des Bretons Indépendants !!

Extrait de l’ouvrage 111 Bretons des temps modernes aux Éditions Ar Men.
Vidéo West Web Valley au Festival des Vieilles Charrues, Karaez.