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Qui est ce Tarin des Aulnes, nouveau nicheur en Bretagne ?
En breton, An Tarin; en anglais, Eurasian siskin et en latin Spinus spinus
Les 10 et 11 décembre 2022, à l’initiative de Bretagne Vivante, se sont tenues à Loktudi en Finistère, les Rencontres Ornithologiques Bretonnes qui ont évoquées lors d’une conférence la présence de trois nouvelles espèces nicheuses en terres bretonnes.
Nous évoquions il y a quelques semaines dans ces colonnes, la nidification en Bretagne, du Balbuzard pêcheur et de l’Élanion blanc.
C’est au Tarin des aulnes que nous allons aujourd’hui nous intéresser.
Ce petit fringillidé forestier est bien connu des amateurs de nature, car aux premiers frimas, c’est lui, qui en bandes bruyantes et véloces, vient parfois visiter nos mangeoires. Ainsi, le passereaux, jusqu’alors simple visiteur hivernal, nicherait désormais en Bretagne.
Éléments biométriques
Taille : 12 cm
Poids : 10 à 14 gr
Longévité : 10 à 12 ans
UICN : préoccupation mineure
Identification et comportement du Tarin des aulnes.
Bien que la Tarin des aulnes puisse être confondu avec le Verdier européen ou le Serin cini, son identification est relativement aisée. L’oiseau est de taille modeste. Sa silhouette est plutôt arrondie. Son plumage est un camaïeu de jaune vif, de vert kaki et de gris pâle. Un modeste dimorphisme sexuel est observé, le mâle arborant une calotte noire, un arrière-sourcil jaune, ainsi que des joue vertes. La parure de la femelle apparait plus terne sa poitrine, son ventre et ses flancs étant striée de gris plus ou moins soutenus. Son bec court et pointu atteste de son régime granivore (aulnes, bouleaux, conifères …). Le Tarin des aulnes est de caractère sociable et se déplace souvent en bandes. Ce fringillidé est également très acrobate, se nourrissant parfois tête en bas à la façon des mésanges ou des sitelles. Il sera également souvent observé aux mangeoires, appréciant graines et boules de graisse.
Reproduction et nidification
Le nid, très ouvragé, sera bâti de préférence à la cime d’un conifère. Il est composé de radicelles, de crins et de duvet. Quatre à six œufs bleu pâle maculés de tâches rousses seront pondus entre avril et juillet. La couvaison dure une semaine. Le nourrissage est assuré par le couple. La nourriture des jeunes en pleine croissance, est alors carnée. Quinze jours après leur naissance, les juvéniles quitteront le nid. Une seconde couvée peut alors être envisagée.
Distribution et biotope
Le biotope de ce petit fringillidé est essentiellement forestier. Il apprécie tout particulièrement les forêts de résineux et les bois mixtes. Il est aussi parfois observé en plaine dans les haies bocagères, et même dans les parcs et les jardins, lorsque la nourriture vient à se raréfier en période hivernale.
Le Tarin des aulnes possède une aire de répartition très étendue. Il faut cependant distinguer les habitats permanents, des zones de nidification et des zones d’hivernage, même si celles – ci tendent aujourd’hui à se superposer.
Carte
Vert : zones de reproduction
Bleu : zones d’hivernage
Marron : zones d’habitat permanent
Pourquoi autant de Tarins des aulnes en Bretagne ?
Le Tarin des aulnes arrive sur notre territoire entre mi-octobre et mi-novembre en provenance des Pays Baltes, de Scandinavie et d’Europe centrale et le quitte entre mi-février et mi-mars. Des comptages effectuées ces cinquante dernières années montrent une explosion démographique (1)
1972 : 1
1982 : 66
1992 : 396
2002 : 1031
2012 : 2320
2022 : 7981
Un histogramme montre aussi, sans surprise, que les observations sont principalement effectuées entre octobre et mars. Il apparait également que désormais, des observations sont effectuées en période de nidification.
Une des réponses à ces sédentarisations de plus en plus nombreuses, serait donc cette explosion démographique. Ce phénomène est souvent observé. Lorsqu’un milieu est saturé et que la nourriture se raréfie, certains oiseaux choisissent de se sédentariser.
Souvenons-nous que la migration, bien que parfaitement naturelle, est épuisante et périlleuse. Pourquoi quitter des territoires aimables offrant le gîte et le couvert ?
Rappelons également que la Bretagne est un territoire qui a connu un enrésinement très important, offrant à notre fringillidé, des sites de nidification et un garde-manger toujours bien achalandé ! Il se peut donc que ces deux facteurs soient à l’origine de ces nidification en terres bretonnes. Il ne s’agit bien sûr pour lors, que d’une hypothèse !
Le Tarin des aulnes, encore une espèce d’oiseaux en déclin.
Le Tarin des aulnes ne compterait pas moins de 25 à 35 millions d’individus en Europe. Si ces chiffres paraissent exorbitants, il semble néanmoins que les populations de Spinus spinus, à l’instar de nombreux autres oiseaux, aient décliné de 30 % en une décennie. Une récente publication du CNRS (2) de mai 2023 conduite dans vingt-huit pays avance une diminution globale de 25 % du nombre total d’oiseaux.
Donc, ce sont selon les scientifiques pas moins de vingt millions d’oiseaux chaque année qui disparaissent en Europe, soit huit cents millions d’oiseaux en sur quarante ans !
Enfin, rappelons enfin que la Tarin des aulnes est une espèce protégée (arrêté ministériel du 09 octobre 2009) et qu’il est sur la liste rouge IUCN. Europe – International Union for Conservation of Nature – en préoccupation mineure.
Sources
(1) https://data.biodiversite-bretagne.fr/accueil/espece/889056
(2) Proceedings of the National Academy of Sciences
Bibliographie
Tous les Oiseaux d’Europe, Aurélien Audevard et Frédéric Jiguet, éditions Delachaux & Niestlé, 21 avril 2023, 528 pages.
Iconographie
Carte
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Photographies
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